• Il y a 70 ans le camp d'Auschwitz était libéré par l'Armée rouge.

    Il y a 70 ans jour pour jour, l'Armée rouge libérait le camp de la mort d'Auschiwtz-Birkenau. Le soldat russe Ivan Martynouchkine avait 21 ans.

    Ce qui frappa Ivan Martynouchkine, c'est le silence, une odeur de cendres et cet immense camp de plusieurs kilomètres de long, comme il n'en avait jamais vu. Mais jusqu'aux derniers instants, ce soldat soviétique ne se doutait pas de l'horreur qu'il découvrirait derrière les barbelés d'Auschwitz.

    1,1 million de déportés

    « J'ai d'abord pensé que nous étions devant un camp allemand », se souvient ce vétéran de l'Armée rouge, encore alerte malgré ses 91 ans, qui commandait une unité de la 60e armée soviétique et reçut l'ordre de pénétrer dans ce qui devint plus tard le symbole de la Shoah, du génocide perpétré par les Nazis.

    « Personne ne savait, à l'époque. Ni les soldats, ni les officiers. Seuls les plus haut gradés de l'état-major en avaient peut-être entendu parlé », rappelle-t-il. Entre 1940 et 1945, 1,1 million de déportés, dont une immense majorité de juifs, périrent dans le camp de la mort.

    Ivan Martynouchkine avait alors 21 ans, et se battait depuis deux ans déjà sur le front de l'est, participant à la reconquête de l'Ukraine avec le « Premier front ukrainien » au sein d'une division d'infanterie.

    « C'était dur de les regarder »

    Le 27 janvier 1945 devait être une journée comme les autres. La veille, les canons tonnaient quelques kilomètres au loin et Ivan, comme ses camarades, imaginait qu'une nouvelle bataille s'annonçait.

    A Auschwitz, ordre fut donné de d'abord fouiller les lieux et ses environs, maison par maison, par peur d'une résistance nazie. « Puis nous avons commencé à apercevoir des gens derrière les barbelés. C'était dur de les regarder. Je me souviens de leurs visages, de leurs yeux surtout, qui trahissaient ce qu'ils avaient vécu. Mais en même temps, ils réalisaient qu'on était là pour les libérer. »

    Quand les soldats pénètrent dans le camp, il ne reste que 7 000 déportés, les plus faibles. Les autres ont été évacués vers Loslau (aujourd'hui Wodzislaw Slaski, en Pologne), une « marche de la mort » qui restera dans les mémoires des détenus y ayant survécu comme pire encore que ce qu'ils avaient enduré dans les camps.

    Une polémique inutile

    Mais en 1945, l'armée soviétique devait poursuivre sa marche en avant. Ivan Martynuchkine apprendra la fin de la guerre depuis un hôpital tchèque, après avoir été blessé à deux reprises. Et ce n'est qu'après des mois de travail des autorités soviétiques et polonaises, fouillant les archives d'Auschwitz, qu'il ne prendra réellement conscience de la réalité du camp qu'il avait libéré.

    Dans l'avion de Poutine 

    Il y retournera ensuite à plusieurs reprises, notamment à l'occasion des commémorations de libération d'Auschwitz. En 2010, il fait même le voyage à bord de l'avion présidentiel de Vladimir Poutine, un souvenir dont il garde précieusement la photo dans son salon.

    Mais Ivan Martynouchkine garde aussi le souvenir du discours du président du Parlement européen de l'époque, le Polonais Jerzy Buzek. « Il nous avait presque comparés à une armée d'occupation, alors que nous étions venus libérer la Pologne », répète-t-il, preuve supplémentaire que deux décennies ans après la chute du mur de Berlin, le fossé entre la Russie et les anciens pays du bloc socialiste reste toujours aussi profond.

    Mercredi, le ministère polonais des Affaires étrangères Grzegorz Schetyna a lancé une nouvelle polémique, en affirmant qu'Auschwitz a été libéré par des Ukrainiens. Une affirmation qui, dans son agréable salon des faubourgs de Moscou, fait bondir le vétéran.

    « Jai honte pour lui »

    « Un de mes camarades le plus proche était Géorgien. Il y avait des Kazakhs, des Arméniens et bien sûr des Ukrainiens, mais nous étions avant tout une armée internationale. Nous étions tous unis, nous appartenions au peuple soviétique », réagit l'ancien soldat qui, après la guerre, travailla comme ingénieur à la conception de la bombe atomique soviétique.

    « Je ne veux pas lui répondre. À vrai dire, j'ai honte pour lui », répète encore Ivan qui, malgré tout, participera cette année encore aux commémorations de la libération d'Auschwitz, le 27 janvier.

    Article paru dans Ouest-France


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    Une série documentaire à ne pas manquer

      

    Dans une remarquable série documentaire, diffusée sur France 2, William Karel et Blanche Finger racontent la Shoah, à partir de l’arrivée de Hitler au pouvoir.

    « Dans l’imaginaire collectif, la machine nazie s’est mise en place d’un seul coup pour agir de façon globale et systématique. Mais la réalité a été tout autre », affirme William Karel. Pendant trois ans, ce grand monsieur du documentaire et sa compagne Blanche Finger ont rencontré une cinquantaine d’historiens du monde entier, consulté des milliers d’archives, partagé des nuits de cauchemars… Le résultat est un film de près de huit heures, découpé en huit épisodes, décrivant de façon chronologique la mise en place de la « solution finale de la question juive », voulue par Hitler, qui causera la mort de 6 millions de Juifs en Europe, dont un million d’enfants.

    Si la décision d’exterminer un peuple pour ses origines ethniques est débattue et décidée par les nazis lors de la conférence de Wannsee, le 20 janvier 1942, des millions de Juifs ont déjà été assassinés dans l’est de l’Europe, sans qu’aucune décision officielle n’ait été prise et avec la participation active des populations locales. La propagande allemande se met en place dès l’arrivée au pouvoir de Hitler pour faire apparaître les Juifs comme des sous-hommes. La « solution finale » sera l’aboutissement d’un long et macabre tâtonnement. D’autres hypothèses seront imaginées comme isoler les Juifs sur l’île de Madagascar ou en Sibérie.

    Bien des idées reçues tombent au fil des huit épisodes. S’il reste peu de témoins, de nombreux historiens travaillent au décryptage de la machine nazie, en s’appuyant sur les nombreuses archives rendues accessibles après la chute du mur de Berlin et les lettres ou dessins enterrés par les victimes, désirant laisser une trace des atrocités subies, pour les générations futures.

    Paul Rozenberg, le producteur,explique : « Le déclencheur de ce film expliquant le comment de la Shoah, en partant de la crise en Allemagne et de la prise de pouvoir par Hitler pour aller jusqu’aux procès de Nuremberg et Eichmann, puis à la difficulté du travail de mémoire, a été un sondage de 2012. Il en ressortait qu’une très grande majorité des moins de 35 ans (dont 67% des 15-17 ans) et le quart des plus de 65 ans ignoraient ce qu’avait été la rafle du Vél-d’Hiv », qui avait conduit à la déportation plus de 13000 Juifs arrêtés à Paris par la police française.

    Pour Blanche Finger, c’est « avant tout un film pour les jeunes ». Alors que la fin du siècle dernier a été marquée par d’autres génocides (Cambodge, Rwanda, …), que l’actualité fait souvent état de faits de barbarie, « les jeunes générations se demandent, selon elle, ce qu’est la spécificité de la Shoah ». « La différence, répond-elle, c’est que la destruction des Juifs d’Europe implique une organisation systématique à l’échelle de tout un continent. »

    Ce souhait impérieux des auteurs de s’adresser à la jeunesse coïncide assez mal avec le choix de France 2 de programmer les deux premiers épisodes en deuxième partie de soirée lundi, puis d’enchaîner quatre épisodes le lendemain. Ce travail aurait mérité un étalement des huit épisodes sur quatre soirées. Un choix qui laisse « perplexe » Paul Rozenberg. Mais il l’assure : les directions de France Télévisions et de France 2 ont soutenu et « signé comme un seul homme » l’ambitieux projet. À voir absolument.

    Jusqu’au dernier. La destruction des juifs d’Europe, lundi 26 janvier à 22h20 (épisodes 1 et 2), mardi 27 janvier à 20h50 (ép. 3, 4, 5 et 6) et mardi 3 février à 22 h 55 (ép. 7 et 8) sur France 2.


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    Ce jour où les Russes ont libéré Auschwitz

    Il y a soixante-dix ans, les troupes soviétiques entraient dans le camps de concentration et découvraient l'horreur de la barbarie nazie.

    Le 27 janvier 1945, les soldats de l'Armée rouge poursuivent leur offensive pour libérée la Haute-Silésie, en Pologne. Au fil de la progression des opérations militaires, les éclaireurs de la 60ème armée du premier front ukrainien découvrent le vaste complexe d'Auschwitz-Birkenau, situé à l’ouest de Cracovie. « C'est le plus grand camp de concentration du IIIème Reich et le principal centre de mise à mort d'Europe, où 1,1 millions d'individus, dont 1 million de Juifs, ont été exterminés », précise Olivier Lalieu, historien au Mémorial de la Shoah ( www.memorialdelashoah.fr ), auteur d'Histoire de la mémoire de la Shoah (éd. Soteca). Lorsque, dans l'après-midi, les Soviétiques pénètrent dans l'enceinte par le camp annexe de Monowitz, ils font face à l'inimaginable : 600 cadavres, mais aussi 7 tonnes de cheveux, plus d'un million de vêtements et des milliers d'objets divers ayant appartenu aux déportés. C'est la désolation, d'autant que les infrastructures sont en parties détruites. Fuyant les troupes alliées, les nazis ont pris soin de dynamiter les chambres à gaz et les fours crématoires pour faire disparaître les traces de leurs atrocités...

    Les troupes russes sous le choc

    Craignant le retour des SS, 7000 survivants, dont 200 enfants de moins de 15 ans, se cachent. « Oubliez l'image des prisonniers dans les bras de leurs libérateurs : cela ne s'est passé ainsi, explique Olivier Lalieu. Les détenus étaient trop effares et affaiblis pour accueillir les soldats avec enthousiasmes. » De leur côté, les Russes sont sidérés. En juillet 1944, ils étaient entrés dans le camp de Lubin-Majdanek, mais la majeure partie de ses occupants avait été évacués. Jamais il n'avaient été témoins d’une telle horreur. « C'était un tableau terrible : les enfants avaient le ventre gonflé par la faim, les yeux vagues, des jambes très maigres, des bras comme des cordes, et tout le reste ne me semblait pas humain »., se souvient le général Petrenko dans son livre Avant et après Auschwitz (éd. Flammarion).

    Des survivants à l'article de la mort

    Le 17 janvier, les SS avaient déjà évacués Auschwitz et jeté sur la route 58000 prisonniers pour les transférer vers d'autres camps, laissant sur place les plus faibles. Les Soviétiques sont donc confrontés à une urgence sanitaire. Ils enterrent à la hâte les dépouilles dans des fosses communes et installent des infirmeries avec l'aide de la Croix-Rouge polonaise. Malgré les soins, des centaines de déportés décèdent. Et le lendemain de la libération d'Auschwitz, la nouvelle fait à peine quelques lignes dans les journaux. La barbarie nazie ne sera révélée au grand public qu'en avril, quand les Anglo-saxons médiatiseront la libération des camps et montreront l'indicible.

    Tout a commencé à Dachau...

    Dachau est le premier camp de concentration ouvert en Allemagne, au printemps 1933. Il est destiné aux opposants au régime nazi, aux homosexuels, aux Tsiganes et aux malades mentaux. Puis, après la Nuit de cristal, en novembre 1936, 10000 Juifs y sont déportés.

     

    Ce jour où les Russes ont libéré Auschwitz

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    En Allemagne, un ancien infirmier d'Auschwitz âgé de 95 ans a été jugé en appel apte à comparaître devant un tribunal, bien que ses facultés soient amoindries. AFP

     

    C'est ce qu'a annoncé ce mardi la justice allemande, ouvrant la voie à un procès. L'accusé, baptisé Hubert Z. selon la presse allemande, doit répondre de « complicité » dans l'extermination d'au moins 3 681 Juifs gazés dès leur arrivée dans le camp emblématique de la Shoah à la fin de l'été 1944.

     

    Assisté de « trois défenseurs »

    La cour d'appel de Rostock (nord-est), invalidant la décision rendue en première instance en juin, a estimé vendredi qu'il n'était pas « totalement inapte » à être jugé.

    Les magistrats relèvent dans un communiqué les « troubles cognitifs » et les « faibles capacités physiques » de l'ancien nazi mais estiment pouvoir les compenser par des aménagements de l'audience.

    Assisté de « trois défenseurs », le nonagénaire pourra bénéficier de « pauses, interruptions, soins médicaux », faire répéter les questions du tribunal et solliciter des explications, détaille le communiqué.

     

    L'accusation couvre 14 convois de déportés

    Aucune date n'a cependant été fixée pour l'ouverture de l'audience et nombre de procédures identiques, même très avancées, ont buté ces dernières années sur l'état de santé des suspects.

    Selon le parquet, l'accusation couvre 14 convois de déportés arrivés à Auschwitz entre le 15 août et le 14 septembre 1944, venus de Lyon, Rhodes, Trieste, Mauthausen, Vienne et Westerbork.

    Dans ce dernier train, ultime convoi parti du camp de transit néerlandais, se trouvaient Anne Frank, ses parents Otto et Edith et sa sœur aînée Margot, rappelle le parquet.

     

    Parmi les déportés, Anne Frank et sa famille

    La famille de l'adolescente recluse deux ans à Amsterdam pour échapper aux nazis, dont le journal intime est devenu mondialement célèbre, a survécu à la « sélection » entre les déportés jugés aptes au travail et ceux qui étaient immédiatement gazés.

    Mais Edith est morte d'épuisement en janvier 1945 à l'infirmerie d'Auschwitz et ses deux filles, transférées à l'automne 1944 à Bergen-Belsen, y ont succombé début 1945 avant l'arrivée des troupes britanniques.

    Une douzaine d'enquêtes sont encore en cours en Allemagne contre d'anciens SS, quelques mois après la condamnation à quatre ans de prison d'Oskar Gröning, ex-comptable d'Auschwitz.

    Ces procédures tardives illustrent la volonté allemande de juger « jusqu'au dernier » les criminels du IIIème Reich, après des décennies d'un bilan judiciaire très décrié, marqué par de rares et faibles condamnations.


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