• Angela Davis, la femme la plus recherchée des États-Unis


    Angela Yvonne Davis naît le 26 janvier 1944 à Birmingham, Alabama, État fortement touché par la ségrégation. Enfant, elle quitte le logement social de la ville pour une grande maison dans un quartier entièrement habité par des familles blanches.

    D'autres familles noires suivent le mouvement mais cette mixité nouvelle excite les tensions raciales. Et une longue série d'attentats sont commis contre les maisons construites par des Noirs. Cette expérience, les humiliations de la ségrégation, le climat violent, marquent profondément Angela Davis, qui grandit bercée par les chants de sa grand-mère relatant l'esclavage.

    À l’université, elle est fascinée par les grands penseurs existentialistes français, de Sartre à Camus. Elle s’enferme des heures durant dans sa chambre, dévore le Manifeste du parti communiste de Marx et Engels et nourrit son amour pour le socialisme qu’elle lie à sa propre histoire. Pour elle, il faut replacer les problèmes du peuple noir dans le contexte plus large d'un mouvement de la classe ouvrière et du féminisme : elle estime qu’un authentique mouvement de libération doit lutter contre toutes les formes de domination: l'homme noir ne peut se libérer s’il continue d’asservir sa femme et sa mère.

    Elle part en Finlande, à Londres, à Paris, à Lausanne, à Francfort et joint sa voix aux différentes causes portées par les étudiants locaux. Mais, frustrée de ne pas pouvoir participer à l'effervescence militante qui échauffe la jeunesse noire de son pays, elle décide de rentrer aux États-Unis. Ne voulant ni de l'intégrationnisme de Martin Luther King ni du séparatisme extrême de certaines organisations du Black Nationalisme, elle rejoint le Che-Lumumba Club, Parti communiste américain réservé aux Noirs, et le Black Panther Party.

    Son adhésion au Parti communiste américain et aux Black Panthers lui vaut d'être surveillée par le FBI. Elle se sait suivie mais n'hésite pas à s'investir dans le comité de soutien aux Frères de Soledad, trois prisonniers noirs américains accusés d'avoir assassiné un gardien en représailles de l'assassinat d'un de leurs codétenus. Le 7 août, une prise d'otage dans un tribunal est soldée par trois morts. Le FBI accuse Angela Davis d'en être l'investigatrice. Redoutant le sort que lui réservent les autorités, Angela Davis prend la fuite. Après deux semaines de cavale, elle est arrêtée et emprisonnée. Pendant plus de seize mois, elle restera enfermée. Durant tout ce temps, elle plaidera son innocence et recevra le soutien de milliers de personnes, aux États-Unis et dans le monde.

    N'ayant aucune preuve tangible de son implication dans la prise d'otage, un jury la déclare non-coupable et elle est libérée en 1972. Dès sa sortie de prison, Angela Davis publie des essais radicaux sur son expérience carcérale et le système judiciaire américain, sur la paix au Vietnam, l’antiracisme et le féminisme. Aujourd’hui, son combat n'est toujours pas terminé et elle enseigne l'histoire de la conscience à l’Université de Californie.


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