• En dix ans, ils ont ramené la vie sur l’île de Quéménès

    Soizic et David Cuisnier ont travaillé dur mais ils ont beaucoup aimé vivre sur Quéménès. Leurs deux enfants sont nés durant cette incroyable location. | Yves-Marie Quemener 


    Soizic et David Cuisnier, 35 et 41 ans, ont été les incroyables locataires de ce caillou de la mer d’Iroise, au large du Finistère. Ils y ont habité durant dix ans. Ils en ont fait un petit paradis, avec une ferme et des chambres d’hôtes. Pour leur succéder, le Conservatoire du littoral a reçu une quarantaine de candidatures.

    «On a eu une chance inouïe de vivre ici!» Avant fin décembre, Soizic et David Cuisnier, 35 et 41 ans, devront «rendre les clés» de Quéménès au Conservatoire du littoral, propriétaire de cette île de l’archipel de Molène. Un caillou de 1,6km de long sur 400m de large. Trente hectares.

    Pas un arbre. Une terre sauvage, battue par les vents, devenue le petit paradis. «On serait bien restés un peu plusMais la renégociation de la convention ne s’est pas bien passée. Le lien de confiance est rompu.» 

    Durant dix ans, ils ont défriché et labouré. Récolte fructueuse: ils ont développé un modèle économique viable, avec des chambres dhôtes et une ferme. Et l’île est autonome en énergie propre et durable.

    Ce lundi d’octobre, ils reçoivent leurs quasi derniers hôtes. Trois couples de Normandie, Nantes et Toulouse; et Gilbert, de Valence, qui vient pour la deuxième fois, «pour cette ambiance de l’île, si particulière, et pour son jeune couple, si sympathique». Dans la cheminée, le feu diffuse une douce chaleur. Sur la grande table: café, thé et jus de fruit. On sappelle par son prénom. Cest simple et chaleureux.

    À leur arrivée, ni eau courante ni électricité

    Tout a commencé dans les années 2000 quand le Conservatoire du littoral a acheté l’île pour 500000, avec ses maisons de goémoniers à labandon. En 2007, son appel à candidatures pour un bail de neuf ans, renouvelable, est remporté par David et Soizic.

    Lui, est originaire de la Sarthe. Géographe, diplômé d’un bac agricole, il gérait un magasin de plongée à Brest. Elle, est native de Dunkerque. Diplômée d’un BTS de valorisation des produits de la mer (spécialisation algues), elle travaillait comme animatrice scientifique.

     

    Pour voir le reportage en photos, cliquez sur l'image ci-dessous : 

    https://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/finistere-david-et-soizic-ont-ramene-la-vie-sur-l-ile-de-quemenes-5333593?utm_source=neolane_of_newsletter-generale_mediego&utm_campaign=of_newsletter-generale&mediego_ruuid=f196dfcf-3072-43a6-ab06-8ed2f2e3e340_3&mediego_campaign=20171024&utm_medium=email&utm_content=20171024&vid=706410&mediego_euid=706410 

     

    Lorsqu’ils s’installent, il n’y a ni eau courante ni électricité. Le Conservatoire du littoral investit 800000. Soizic montre les citernes qui récupèrent désormais la pluie, filtrée ensuite pour être potable. Les toilettes sèches permettent d’économiser 30% deau. Les eaux usées sont traitées par des plantes.

    La grande fierté, c’est leur autonomie en électricité. «C’est grâce au mixage entre l’éolienne et les panneaux solaires. L’énergie est stockée dans des batteries. En plus, on pourrait alimenter un foyer avec quatre personnes!» 

    Pour le déjeuner, David prépare des papillotes de poulet aux algues. Une des nombreuses recettes «maison» du couple. La pomme de terre et la laminaire sont de Quéménès.

    Ils ont raconté leurs aventures sur internet

    Vers 14h, quand les hôtes s’égayent dans la nature ou font la sieste, les Cuisnier sactivent. Ils pèsent, coupent et mettent en sachets les algues récoltées et séchées pour les vendre. «Nous ne sommes pas des salariés», rappelle David. La moitié de leurs ressources provient des trois chambres d’hôtes, qui fonctionnent d’avril à octobre. L’autre partie vient de la culture des pommes de terre, de l’élevage de moutons et des algues. «On arrive désormais à se dégager l’équivalent d’un Smic chacun. Sachant qu’on ne paye pas l’eau, ni l’électricité, ni la nourriture.» C’est grâce à la boutique en ligne qu’ils vendent leurs productions. Quéménès est une île branchée! «On reçoit très bien la 4G», précise Soizic.

    Ceux qui sont surnommés, malgré eux, les «Robinson Crusoé des temps modernes» ont ramené la vie sur Quéménès. Leur expérience a suscité l’engouement et fait l’objet de nombreux reportages dans la presse.

    Sur Internet, via leur blog, des fidèles suivent leurs aventures racontées avec humour… et amour. Les animaux de la basse-cour. Les oiseaux de l’île. La naissance des enfants, Chloé, en 2009, et Jules, en 2012. «Merci de nous faire rêver», écrit un internaute. «Merci pour votre optimisme!» ajoute un autre.

    Quarante candidats pour prendre le relais

    Tout n’a pas été rose. Les lapins ont failli détruire la récolte de pommes de terre il y a trois ans. La cale de débarquement a souffert des assauts de la mer. L’éolienne est tombée en rade en plein hiver. Le sel de mer ronge les machines. Et pas de hangar pour protéger le tracteur! «Les Bâtiments de France n’autorisent pas de travaux sur les bâtiments existants.» 

    Les Cuisnier ont appris à faire face et à rebondir. «Face à la nature, il faut sadapter!» énonce David. À Quéménès, ils sont aussi devenus électricien, menuisier, mécanicien, etc.

    «Mais c’est très différent de Robinson. Nous avons choisi de venir ici», rappelle David. «On a tout le confort moderne!» appuie Soizic, en montrant micro-ondes, lave-vaisselle et sèche-linge. On ne s’est jamais sentis isolés!» Le couple insiste: «Nous sommes avant tout une entreprise!» Ils ont investi 60000 dans leur société coopérative, Ferme insulaire de l’île de Quéménès. Ils sont aussi devenus propriétaires de la marque Quéménès.

    Pour leur succéder, le Conservatoire a reçu une quarantaine de candidatures. Le choix sera effectué d’ici fin novembre. Soizic et David vont retrouver le monde «moderne» et sinstaller à Ploumoguer, un bourg de 2000 habitants à 25km de Brest. Ils garderont le lien avec Quéménès. Ils sont devenus propriétaires dune exploitation dalgues en bordure de l’île, dans cette mer dIroise riche de 300 espèces.

    Article paru dans Ouest-France le 24/10/2017


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique