• François Hollande honore quatre combattants de la Résistance

    Les portraits de Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay (de gauche à droite) sont exposés dans la nef du Panthéon. Les portraits de Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay (de gauche à droite) sont exposés dans la nef du Panthéon. Ouest-France / Daniel Fouray

    Hollande rend hommage ce mercredi, à quatre grandes figures du combat contre le nazisme. Un choix très politique, qui lui permettra d'exalter les valeurs de la République.

    Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion, Pierre Brossolette et Jean Zay entrent mercredi au Panthéon. Ils rejoignent Voltaire, Victor Hugo, Jean Moulin ou encore Pierre et Marie Curie dans cette ancienne église située sur la montagne Sainte-Geneviève à Paris. Le président François Hollande va leur rendre hommage.

    Entretien avec Jean Garrigues, professeur d'histoire contemporaine

    Comment est née l'idée du Panthéon ?

    C'est une idée de la Révolution française, qui a voulu transformer l'église Sainte-Geneviève en un temple laïc pour rendre hommage aux grands hommes de la nation. Le premier a été Mirabeau.

    L'histoire du Panthéon est une histoire mouvementée, parce qu'elle suit les méandres chaotiques de notre histoire politique.

    Le choix des personnalités a-t-il une portée symbolique ?

    Les choix sont toujours liés à la nature des régimes. Le Premier Empire, qui a beaucoup panthéonisé, a plutôt choisi des militaires. Sous la IIIe République, le choix s'est porté sur des emblèmes de la République comme Victor Hugo, Léon Gambetta ou Jean Jaurès.

    En rendant hommage à Jean Moulin, en 1964, le général de Gaulle fait très directement référence à la Résistance, dans laquelle il avait puisé sa légitimité. Si Jacques Chirac fait entrer André Malraux, en 1996, c'est parce qu'il est une figure du gaullisme.

    Y a-t-il des héros de gauche et des héros de droite ?

    Les choix sont politiques, mais pas politiciens. Les chefs d'État essaient d'honorer des figures fédératrices qui peuvent rassembler la communauté nationale. Quand François Mitterrand fait panthéoniser le couple Pierre et Marie Curie, c'est une manière d'y faire entrer une femme.

    Chirac a aussi fait panthéoniser Alexandre Dumas, qui n'est ni de gauche ni de droite. C'est une personnalité qui renvoie à l'universalité de Victor Hugo.

    Comment interprétez-vous les choix de François Hollande ?

    Il a choisi des héros de la Résistance, donc fédérateurs, avec un dosage subtil : il introduit la parité dans un rituel et un cérémonial habituellement très masculins.

    Il choisit deux femmes, dont une est la nièce du général de Gaulle, et l'autre, une femme de gauche, voire d'extrême gauche. Il choisit un socialiste, Pierre Brossolette, et un radical, qui fut ministre du Front populaire, Jean Zay.

    Ces hommages ont-ils encore un sens aujourd'hui ?

    C'est toute la question du roman national. A-t-on encore besoin de points de repères, de grandes figures exemplaires pour incarner les valeurs de la République ? Un historien va plutôt dire oui.

    À travers ces personnalités, ce sont des moments fondateurs de notre histoire que l'on fait revivre. Les quatre personnalités choisies par Hollande incarnent la résistance à la dictature nazie. ll y a une signification historique qui les dépasse. Avec Jean Zay, c'est aussi un hommage au Front populaire, qui marque la naissance de la démocratie sociale.

    Les panthéonisations sont une leçon d'histoire vivante, qui permet de porter l'attention de l'opinion sur des moments structurants de notre communauté.

    Article paru dans Ouest-France


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