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Par atao feal le 25 Octobre 2016 à 18:00
En 1869, les ascenseurs n’en sont qu’à leurs balbutiements. Dans une chronique, Le Figaro raille cette mode naissante dans les habitations qui contribuera surtout « à l’ascension... des loyers ». Bien vu.
Il y a 146 ans, c’est encore un instrument high tech qui fascine les foules. L’ascenseur qui a fait son apparition dans quelques monuments compte bien s’implanter dans les nouveaux immeubles d’habitation. Une vogue qui n’enthousiasme pas le chroniqueur du Figaro qui signe un billet acide dans le quotidien du 12 mars 1869.
« L’immense crédit conquis par le vélocipède sur les classes les moins intelligentes de la société a surexcité les ambitions de l’ascenseur, écrit-il. L’ascenseur avait eu de bien beaux succès à l’Exposition universelle (en 1867). Bon nombre de badauds qui réservaient à peine un coup d’œil distrait aux merveilles de l’art et de l’industrie, auraient pensé avec Titus « J’ai perdu ma journée », s’ils ne s’étaient hissés sur la toiture de l’édifice, pour y déguster un verre de bière. »
Près du futur Opéra, des panneaux « Appartements à louer avec ascenseur »
Pourquoi tant de haine ? L’auteur de l’article ne tarde pas à s’expliquer. « Je vous annonce que l’ascenseur, jusqu’ici confiné dans l’exploitation des grands hôtels de Paris et de Londres, vient de faire son entrée dans les habitudes ordinaires de la vie. On lit sur la façade de divers immeubles récemment construits aux environs du futur Opéra « Appartements à louer avec ascenseur ». Voulez-vous que je vous dise toute ma pensée ? Cet ascenseur cache un piège. Sa véritable fonction c’est de coopérer à l’ascension... des loyers. » Selon l’auteur, finis les loyers ne dépassant pas 1000 francs pour les appartements situés au 5ème étage. Un siècle et demi plus tard, il faut reconnaître que pour les charges comme les loyers, il ne s’était pas vraiment trompé.
Il s’amuse à imaginer les bagarres dans les cages d’escalier qui s’achèveront à l’avenir de manière plus dramatique dans les ascenseurs et suggère d’y recourir pour les discours publics. « L’ascenseur servirait de tribune on le maintiendrait à hauteur convenable, tant que l’orateur mériterait l’assentiment public, souligne-t-il. Serait-il pris, au contraire, d’un accès de bon sens et d’éloquence, on lâcherait tout, et justice serait faite. » Une utilisation pour le moins radicale.
Article paru dans Le Figaro
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