•  La petite histoire d'un grand hymne

     Claude Joseph Rouget de Lisle

    Le 14 février 1879, la Marseillaise devenait l'hymne national français. Retour sur son parcours patriotique et chaotique...

    Janvier 2015. Des rues de Paris à celles de Berlin ou de Rio, des millions de manifestants qui battent le pavé en hommage aux victimes des attentats entonnent la Marseillaise. Une fois de plus, le chant guerrier tient lieu de cri de liberté. Le capitaine Rouget de Lisle aurait de quoi être fier, lui qui dans la nuit du 25 au 26 avril 1792 griffonne ce texte à la demande du maire de Strasbourg, où il est en garnison. Dans sa composition, intitulée Chant de guerre pour l'armée du Rhin, l'officier couche ses impressions après la déclaration de guerre de la France à l'Autriche. En août de la même année , son œuvre est rebaptisée la Marseillaise en l'honneur de militaire phocéens venus participer au renversement de la monarchie. Et ce, parce qu'ils auraient été les premiers à la fredonner dans les rues de Paris... Trois ans plu tard, le 14 juillet 1795, la Convention la décrète pour la première fois chant nationale. Interdite sous l'Empire puis sous la Restauration, la Marseillaise revient au goût du jour dès 1830 lors de la monarchie de Juillet, et le compositeur Hector Berlioz en élabore une orchestration. Bientôt, les monarchistes, qui la trouvent blasphématoire, font pression pour qu'elle retourne aux oubliettes. En réaction, et parce qu'ils craignent un retour de la royauté, les députés républicains décident, eux, de l'imposer comme hymne national par la loi du 14 février 1879.

    Un signe d'unité

    Indissociable du drapeau bleu, blanc, rouge, la Marseillaise coule alors des jours heureux. Jusqu'à ce que les Allemands l'interdisent en zone occupée pendant la Seconde Guerre mondiale. Il faut attendre la Libération pour qu'elle retrouve ses lettres de noblesse. On la fait alors chanter dans les écoles « pour célébrer nos martyrs », comme l'indique une circulaire du ministère de l'Éducation nationale. Les Constitutions de 1946 et 1958 réaffirment son caractère d'hymne national. Pour de bon. Entonnée lors des diverses commémorations ou à l'occasion des rencontres sportives, elle devient un symbole fort d'unité. Le 22 septembre 1984, à Douaumont, dans la Meuse, durant la célébration du 70ème anniversaire de la bataille de Verdun, François Mitterrand, alors président de la République, saisit la main du chancelier allemand Helmut Kohl pendant ses premières notes, scellant ainsi la bonne entente des deux pays.

    Accrocs et scandales

    Dans l'histoire de la Marseillaise, on retient aussi des accrocs. Comme ce jour de 1979 où Serge Gainsbourg livre le reggae Aux armes et cætera. Rixes, bagarres, tribunes... les réactions ne se font pas attendre. Pour se faire « pardonner », Gainsbarre achète, en 1981, le manuscrit original de Rouget de Lisle pour 135000 francs ( 20000 euros ). Vingt ans plus tard, une Marseillaise sifflée par des spectateurs français d'origine maghrébines lors du match de football France/Algérie suscite une vive réaction et inspire une loi : depuis le 24 janvier 2003, l' « outrage au drapeau tricolore et à l'hymne national » est passible de six mois de prison. Et depuis 2005, l'apprentissage de ce chant est obligatoire dans les écoles primaires. Intouchable, non. Vivant, certainement.

    La Marseillaise résonne en Asie

    Japon, 1996 : l'équipe de football de Nagoya, entraînée par Arsène Wenger, gagne la Supercoupe. Depuis, ses supporters chantent la Marseillaise. Pékin, 1989 : les étudiants, place Tian'anmen, entonnent l'hymne avant d'être délogés dans le sang.


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