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Par atao feal le 22 Janvier 2016 à 12:06
Sovereign Hill est situé à Ballarat (au loin, derrière la mine), la troisième ville de l’État du Victoria qui tient son nom d’un mot aborigène signifiant « campement ». (Photo : Melinda Trochu)
À Ballarat, à une heure et demie de Melbourne en train, le temps s’est arrêté dans les années 1850. Sovereign Hill, un musée en plein air, est la troisième attraction de l’État de Victoria, en Australie. Chaque année, il permet à 760000 touristes de s'imprégner de la vie des colons européens. Au programme : la vie des mineurs, des métiers anciens et évidemment l’histoire de l’or.
Pour se mettre dans la peau des colons des années 1850 rien de tel qu’un passage chez la photographe. Sam, 22 ans, fait partie des 300 employés de Sovereign Hill. Depuis trois ans, elle habille les visiteurs et leur tire le portrait (numérique tout de même) pour des photos-souvenir à encadrer. « Les hommes ont le choix entre des costumes de gentleman, mineur, pasteur ou soldat de cavalerie. Pour les femmes, c’est lady, gipsy, fille de joie ou tenue de soirée », détaille-t-elle. Une représentation plutôt fidèle des habitants de l’époque.
Un peu plus loin dans la rue principale, Ray, le forgeron, explique la fonte de l’or et ses propriétés chimiques. Dix fois par jour, il fond le même lingot d’or de trois kilos (d’une valeur de 98000 €) devant les yeux ébahis des petits et des grands. « Mélangé à de l’argent et du cuivre, il faut le nettoyer pour en faire de l’or pur », explique-t-il.
Tim, forgeron, a appris son métier sur le tas, au musée de Sovereign Hill, et le pratique maintenant depuis treize ans. (Photo : Melinda Trochu)
Immersion pour les écoliers
Depuis quarante-cinq ans, le concept de Sovereign Hill donne à voir, sentir, toucher le quotidien disparu de la ruée vers l’or de 1852 à 1859. Le village a été reconstitué autour de quelques bâtiments d’origine, dont une église protestante érigée en 1892.
L’église protestante de Greenville érigée en 1892 accueille encore aujourd’hui des sermons pour les visiteurs. (Photo : Melinda Trochu)
Garry Burns, directeur marketing, revient d’un voyage promotionnel en Inde, au Royaume-Uni et en France. « Nous avons 30 % de visiteurs internationaux, à majorité asiatiques » Avec vingt guides parlant mandarin, la Chine est la première cible du musée. Garry Burns poursuit : « On continue à chercher de l’or dans notre région, on a d’ailleurs entendu une explosion la semaine dernière. C’est commun pour les habitants de Ballarat d’aller le week-end dans le bush avec des détecteurs de métaux »
La ruée vers l’or étant au programme des écoliers australiens, le musée propose une immersion de deux jours (les enfants passent la nuit dans des baraques aménagées) aux écoles primaires de la région. « Il y a deux ans d’attente pour cette activité et nous accueillons 100000 écoliers par an », précise Garry Burns. Sur leurs bancs en bois et dans leurs habits d’antan, les élèves écoutent religieusement leur professeur du jour. Geoff McArthur est un ancien instituteur reconverti en professeur-acteur. Il enseigne aux enfants la politesse car « c’était très strict à l’époque ». Hollie Frew, l’enseignante des enfants, reconnaît dans un sourire ne jamais les avoir vus aussi tranquilles.
Geoff McArthur est directeur du programme pédagogique de Sovereign Hill. Ancien enseignant d’école primaire, il exerce avec fermeté mais assure que « les enfants savent que c’est un jeu de rôle ». (Photo : Melinda Trochu)
Heureusement, les enfants n’auront pas à expérimenter la médecine de l’époque. Au cabinet du docteur, la réalité fait un peu froid dans le dos. Miss Trudi raconte : « On pense que le Dr Wakefield, un Anglais, a lu un livre de médecine pendant la traversée vers l’Australie et s’est improvisé docteur à Ballarat. Il était médecin mais également dentiste et vétérinaire. Il pouvait soigner les hommes et les chevaux ! Avant les années 1860, il n’y avait pas besoin de diplômes. Il fallait juste, à cette époque, des outils tranchants et un peu de savoir ! »
Des mineurs piégés
La dure vie des mineurs et les accidents inhérents au métier sont racontés vingt mètres sous terre après une descente en chariot d’une minute dans le noir total. Peter Kennedy, un ex-soldat francophile dont la famille (d’origine irlandaise) vit à Ballarat depuis six générations raconte un accident de 1882 arrivé non loin de là, à Creswick.
« Vingt-sept mineurs ont été piégés sous l’eau après la rupture d’une ancienne mine inondée. Après trois nuits et trois jours de calvaire, cinq hommes seulement ont survécu » Les noms des décédés apparaissent sur les parois de la mine. Peter s’agite : « Là ! Vous voyez, le nom Carl Serrurier. On pense qu’il était peut-être Français » Tous les autres mineurs étaient des Irlandais, des Écossais, des Anglais. Quatorze mille personnes ont assisté aux funérailles lors de ce drame régional.
Peter, du « Ballarat Times », aime à raconter la révolte Eureka de 1854 quand les chercheurs d’or se sont rebellés contre une administration injuste à leurs yeux. (Photo : Melinda Trochu)
Sur son épaule droite, Peter Kennedy découvre un tatouage, un drapeau bleu et blanc. Il retrace : « C’est le drapeau de notre petite révolution française à nous. Le drapeau Eureka. Mes ancêtres ont participé à cette rébellion » En 1854, des mineurs dénoncent les permis obligatoires et les taxes injustes qu’ils subissent. Les affrontements avec l’armée font 27 morts. Peter, du journal « Ballarat Times » de Sovereign Hill précise : « Le leader irlandais de la révolte, Peter Lalor, avait été emprisonné trois mois. Mais ensuite, il s’est lancé en politique » Avec un bras en moins, amputé lors de la révolte.
À Sovereign Hill, histoire et jeu cohabitent. L’activité préférée des visiteurs reste l’orpaillage. Les mains plongées dans la rivière, ils cherchent la couleur jaune. Casquette verte sur la tête, Ashton, onze ans, s’écrit : « J’ai trouvé de l’or ! » et montre sa petite fiole d’eau dorée avec fierté. « Chaque matin, nous déposons des paillettes d’or dans la rivière. Cela représente une valeur annuelle de 200000 dollars australiens (soit 130000 €) », assure Garry Burns.
Chaque année, en fonction de la valeur de l’or, Garry Burns achète et fait déposer dans la rivière des paillettes d’or d’une valeur de 150000 à 200 000 dollars australiens. Les touristes peuvent passer des heures en quête du précieux minerai. (Photo : Melinda Trochu)
Une pépite de 69 kilos
À Ballarat, les visiteurs peuvent repartir avec de nombreux souvenirs, notamment un jeu de cartes en or à 300 dollars australiens. Et si un Noël froid leur manque, ils peuvent venir le célébrer à Sovereign Hill en plein mois de juillet ! Un temps fort pour le musée (10 % des visites annuelles en quinze jours) qui va jusqu’à utiliser de la neige artificielle.
Mais à Sovereign Hill, peu de chances de trouver autre chose que des minuscules quantités d’or pour les touristes. C’est au XIXème siècle qu’il aurait fallu s’y rendre. En 1858, la deuxième plus grosse pépite du monde jamais découverte a été trouvée à Ballarat. Elle pesait 69 kilos !
Cette employée de Sovereign Hill raconte qu’à l’époque, les produits européens n’arrivaient que deux fois par mois par bateau. Toute la ville se ruait alors pour acheter les derniers produits et vêtements à la mode en Europe. (Photo : Melinda Trochu)
De nombreux métiers sont représentés à Sovereign Hill, notamment celui de fondeur qui met en lumière l’artisanat d’objets symétriques. (Photo : Melinda Trochu)
Une cinquantaine de chevaux, dont des Percherons, vivent et font partie du décor de Sovereign Hill. Ils sont beaucoup mieux traités qu’à l’époque de la ruée vers l’or ! (Photo : Melinda Trochu)
Dans les années 1850, beaucoup d’hommes et de femmes mourraient de la dysenterie, du choléra et du typhus. (Photo : Melinda Trochu)
À l’époque de la ruée vers l’or, les migrants européens aspiraient à retrouver leurs produits de luxe. Les bonbons étaient alors et restent aujourd’hui une denrée très appréciée. (Photo : Melinda Trochu)
Chaque année, 100000 écoliers australiens viennent expérimenter l’école des années 1850. Au programme : apprentissage de la politesse mais également découverte des jouets d’antan. (Photo : Melinda Trochu)
Garry Burns explique en riant que beaucoup d’employés viennent travailler à Sovereign Hill déjà habillés comme en 1850. On peut donc les apercevoir dans la ville de Ballarat costumés au volant de leurs voitures contemporaines. (Photo : Melinda Trochu)
Le musée en plein air emploie plus de 300 salariés. Tous ont en commun d’exercer en costume d’époque. Ici, dans l’un des restaurants du musée. (Photo : Melinda Trochu)
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