• La sonde européenne va larguer le robot Philae

    La sonde européenne va larguer le robot Philae

    Le robot Philae sera largué par la sonde Rosetta sur le noyau de la comète Churyumov-Gerasimenko. | AFP

     

    Aujourd'hui, les astrophysiciens du monde entier ont les yeux tournés vers la comète Churyumov-Gerasimenko, à 500 millions de km de la Terre.

    Dans l'après-midi, le robot Philae de 98 kg doit se détacher de la sonde européenne Rosetta pour aller se poser sur le noyau de la comète. C'est à suivre en direct sur le site du Cnes.

    Quel est l'intérêt d'une telle mission ?

    « Les comètes sont la mémoire des origines de notre univers », répond Chantal Levasseur-Regourd, astrophysicienne et professeur à l'université Pierre et Marie Curie. « Les comètes ont vécu l'immense majorité de leur vie très loin du Soleil », ajoute Francis Rocard, responsable du programme Rosetta au Cnes, le Centre national d'études spatiales. « Leur matériau n'a pas chauffé et n'a pas été modifié de ce fait. On a donc conservé au congélateur depuis presque 4,56 milliards d'années le matériau originel qui a constitué également les corps planétaires, les astéroïdes etc. » Mieux les connaître permet de mieux connaître notre histoire lointaine.

    En quoi la mission Rosetta est-elle particulièrement extraordinaire ?

    Elle constitue une double première jamais réalisée.D'abord, jusqu'ici, les sondes qui allaient à la rencontre des comètes croisaient leur orbite, « à des vitesses variant de 25 000 à 250 000 km. Le survol durait une heure, tout au plus », détaille Chantal Levasseur-Regourd. Pour la première fois, la sonde Rosetta, suit le trajet d'une comète, la comète Churyumov-Gerasimenko. Rosetta a été lancée de la base de Kourou, en Guyane, voici dix ans. Elle est entrée dans la chevelure de la comète au printemps et s'est approchée à moins de 10 km du noyau.Ensuite, « non pas cerise sur le gâteau, mais cerise sur le noyau », comme dit joliment Chantal Levasseur-Regourd, mercredi 12, le robot Philae va se détacher de Rosetta pour aller se poser sur le noyau.

    Que peut découvrir Philae ?

    Le robot, s'il parvient à se poser, pourra prélever des éléments du sol et les analyser, sur place bien sûr, et transmettre ses relevés.Les astrophysiciens recherchent, en particulier, les chaînes carbonées complexes. « Elles nous intéressent parce qu'une chimie organique complexe est nécessaire pour fabriquer de la vie », précise Francis Rocard. « Les comètes ont pu apporter ces macromolécules sur notre planète et contribuer ainsi à l'émergence de la vie. »

    http://www.youtube.com/watch?v=szKZ77MbF9Q

     

    Concrètement, comme se déroule l'opération ?

    Mardi 11, en fin d'après-midi, depuis le centre européen de Darmstadt, en Allemagne, les scientifiques décident d'y aller ou non, de larguer le robot Philae. La situation à la surface du noyau pourrait constituer une menace pour les panneaux solaires et les instruments de Philae. Pas question de prendre le risque de les voir endommagés.Si la décision est prise de larguer Philae, le robot se détachera de Rosetta, mercredi 12, à 9 h 34. « Mais la comète est à environ 500 millions de km. On ne saura qu'à 10 h 03 si le largage a bien eu lieu», prévient Chantal Levasseur-Regourd, « car les ondes mettront 28 minutes et 20 secondes, à la vitesse de la lumière (300 000 km/secondes) pour parvenir sur Terre ».

    Sept heures de descente

    Ensuite, il faudra patienter pendant « sept heures ». C'est le temps que Philae va mettre à parcourir les 20 km qui séparent Rosetta du sol du noyau. Pourquoi cette lenteur ? « Parce que la force gravitationnelle du noyau est très très faible », indique Chantal Levasseur-Regourd. Pendant la descente, Philae va déployer son train d'atterrissage, un tripode, puis au moment de l'arrivée, un petit moteur va s'allumer pour plaquer le robot sur la surface. Il sera alors 17 h, heure de la Terre. « On devrait avoir les premières images et les premières données vers 19 h. »

    Et si la mission Philae échoue ?

    C'est une éventualité. Mais, quoi qu'il en soit, la mission Rosetta est déjà un succès. Les astrophysiciens européens ont réussi à placer une sonde tout près du noyau. Ils ont pu ainsi voir de très près le noyau, constater qu'il se compose de deux lobes, un grand et un plus petit, avoir des indications sur la composition de la surface et de la sous surface, mesurer ses dimensions, et sa densité. «Le noyau est très poreux, comme de la pierre ponce », ajoute Chantal Levasseur-Regourd. Sa densité est très faible : 0,4. Pour comparer, la densité à la surface de la Terre est de 3 à 3,5 ! Et ce sont les premières indications reçues et analyser. L'expérience se poursuit. Rosetta va suivre la comète jusqu'au moins le 31 décembre 2015. Le 13 août, elle passera au plus près du Soleil. Et qui sait, un peu plus loin encore.

    Article paru dans Ouest-France


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