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    Le Chemin des Dames, une bataille qui coûta de nombreuses vies humaines alors que son échec semblait évident. Et qui aboutit aux mutineries de 1917. Récit et lieux de mémoire.

    Le Chemin des Dames, 271000 victimes côté français

    "Ils n’ont pas choisi leur sépulture." Ainsi s’intitule l’œuvre commémorative du sculpteur d’origine allemande Haïm Kern, qui domine le village de Craonne. En bronze, haute de 4m, elle représente les visages de soldats anonymes piégés dans les mailles de l’histoire. Des sacrifiés !

    Comme il y en eut tant, au printemps 1917, lors des assauts insensés sur cet éperon rocheux du Chemin des Dames, situé au bord de la vallée de l’Aisne. 271000 morts, blessés, disparus et prisonniers du seul côté français. "L’histoire est passée sur cette crête comme un ouragan monstrueux", disait le P. René Courtois, jésuite, qui vécut pendant quarante ans près de l’abbaye de Vauclair, voisine.

    Et il ajoutait : "Un linceul de rêve a fini par cacher l’horreur." De fait, le champ de bataille est devenu un grand quadrilatère de verdure où les bouquets d’arbres jettent leur ombre aux limites des parcelles céréalières, où les fleurs sauvages éclosent dans l’humus des sous-bois silencieux.

    Échec de l'offensive et mutineries de 1917

    On peine à réaliser, en ces lieux qui respirent la paix, les conditions de l’offensive du 16 avril 1917. Une artillerie française aveuglée par les nuages bas et les rafales de neige; des défenses allemandes intactes avec des mitrailleuses décimant les vagues d’assautempêtrées dans les barbelés au bas des pentes; des tranchées trop étroites pour laisser passer les brancards vers les services de santé débordés.

    Bref, la curée, pour d’infimes gains territoriaux qui ne dissuadèrent pas le sinistre général Nivelle de s’obstiner durant près d’un mois malgré l’évidence de l’échec. Celui-ci devait entraîner, dans l’armée française, les fameuses mutineries de l’année 1917.

    Ce drame du Chemin des Dames, aucun grand monument national ne le commémore. Aucune visite de président de la République ne l’a jamais honoré. On ne célèbre pas les défaites sanglantes engendrant les refus d’obéissance.

    Mais qu’importe tant la géographie des lieux montre l’aberration de l’attaque à cet endroit, tant les vues panoramiques, les panneaux thématiques et les tables de lecture dessinent sur place un émouvant musée à ciel ouvert.

    - Le plateau de Californie

    Ancienne montagne de Craonne, théâtre des combats les plus sanglants. Ses sentiers, balisés, mènent dans des bois au sol boursouflé d’anciennes tranchées et trous d’obus. Un belvédère offre une belle perspective sur ce qui fut le champ de bataille escarpé et sur la vallée de l’Aisne. www.chemindesdames.fr

    - L’abbaye cistercienne de Vauclair

    Fondée en 1134, détruite par l’artillerie française en 1917, il n’en subsiste que des ruines magnifiques, émouvantes, cernées par de grands arbres et un jardin de 400 plantes médicinales. www.abbaye-vauclair.fr

    - La caverne du Dragon

    Creusé dans la roche, ce dédale de galeries fut un poste de commandement et de secours allemand avant que les troupes françaises ne l’investissent. Les soldats des deux camps y cohabitèrent plusieurs mois. Une scénographie retrace leur vie. Musée souterrain proposant des expositions temporaires et un panorama sublime.
    Ouvert tous les jours. Tél. : 03-23-25-14-18. www.caverne-du-dragon.com

    - Cerny-en-Laonnois, le cimetière militaire français

    Situé au bord de la D18, il abrite 5150 combattants français et 54 combattants russes tombés sur le Chemin des Dames. Face à la nécropole (13515 m2), une chapelle tient lieu de Mémorial du Chemin des Dames et accueille de nombreuses plaques commémoratives.

    - Le Moulin de Laffaux

    Porte d’entrée ouest du Chemin des Dames et haut lieu stratégique. Un jardin de la Mémoire y sera inauguré en juin 2014.


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