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    De la reconnaissance pour ce qu’on a vécu

    Photo de classe, avec une majorité de Réunionnais, à Quézac (Cantal), en 1965. Photo collection Jean Charles Pitou

     

    Une vingtaine d’anciens enfants réunionnais, déplacés entre 1963 et 1982 dans des départements de métropole touchés par l’exode rural, ont été auditionnés, ce vendredi, à Paris par la commission nationale chargée d’enquêter sur cette migration forcée. Ces enfants avaient été surnommés les « enfants de la Creuse » car un certain nombre d’entre eux avait été conduit dans ce département, mais pas seulement là.

    La Commission d’information et de recherche historique sur la migration forcée des «Enfants de la Creuse», installée en février 2016 par le ministère des Outre-mer, a auditionné une vingtaine de personnes ce vendredi.

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    Il s’agit d’anciens Réunionnais, déplacés entre 1963 et 1982 dans des départements de métropole alors qu’ils étaient enfants. D’autres «ex-mineurs transplantés» seront entendus, ce dimanche à Guéret (Creuse), par les cinq experts de la Commission Une première audition a déjà eu lieu en octobre à la Réunion.

     

    Leur donner la parole

    L’objectif de ces auditions, «cest de leur donner la parole, connaître leurs difficultés, leurs attentes, leurs espoirs», a expliqué le sociologue, Philippe Vitale, qui préside la commission.

    Les «Enfants de la Creuse» est le nom donné à ces enfants réunionnais qui, reconnus pupilles de l’État souvent sans le réel consentement de leurs parents, ont été placés en foyer, familles daccueil ou familles adoptives dans 64 départements de l’Hexagone touchés par l’exode rural, et notamment dans la Creuse, au prétexte de résoudre les problèmes de démographie galopante et de grande pauvreté que connaissait alors La Réunion.

     

    2150 enfants concernés

    Un épisode méconnu sur lequel la commission doit faire toute la lumière et rendre ses conclusions en février 2018. Elle a déjà recensé un total de 2150 enfants concernés. Arrachés à leur île et leur famille, ces enfants nont parfois jamais remis les pieds à La Réunion, ont perdu tout contact avec leurs familles et ne connaissent pas leur histoire.

    Au ministère des Outre-mer, où avait lieu l’audition, Jean-Luc Echiza, 58 ans, dit vouloir «de la reconnaissance pour ce quon a vécu», et «être indemnisé». Arrivé à 10 ans dans l’Hérault et placé successivement dans plusieurs fermes, il dit «avoir été pris dans lengrenage, sans comprendre», et s’être «fait une famille tout seul». Il n’est retourné à La Réunion pour la première fois qu’à 30 ans, pour retrouver une mère déjà âgée et se découvrir «une demi-sœur».

     

    J'ai appris que javais des frères et sœurs qu’à 16 ans

    Valérie Andanson, membre de la Fédération des Enfants Déracinés des départements et régions d’outre-mer, veut retrouver sa «véritable identité». «Aujourdhui je nai plus aucune racine», déplore cette femme de 53 ans transplantée en Creuse à 3 ans, avec ses 5 frères et sœurs, dans des familles séparées. «Je n’ai appris que j’avais des frères et sœurs qu’à 16 ans», dit-elle.

    Parmi les principales demandes faites à la commission: obtenir des billets davion et des hébergements pour se rendre à La Réunion, avoir lentier accès à leur dossier, obtenir un lieu mémoriel et la mise en place de cellules psychologiques.

    Article paru dans Ouest-France

     


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