• Dans la région du Mustang, d’immenses réseaux de grottes creusées dans les montagnes et datant d’au moins 3000 ans restent un mystère pour les archéologues. Qui les a construites et dans quel but ? 

    À la découverte du Mustang, royaume perdu au cœur de l’Himalaya

     

    Le mystère archéologique qui fascine les chercheurs du monde entier

     Népal – Annapurna – Région du Mustang 

     

    Un berger a découvert par hasard ces 55 cavernes 

    Le Mustang est un ancien royaume qui se situe au nord du Népal et à l’histoire aussi riche que complexe. Du 15ème au 17ème siècle, la région prospère grâce à sa situation stratégique et contrôle tous les échanges commerciaux dans cette partie de l’Himalaya. Le royaume est ensuite annexé par le Népal au 18e siècle et sera disputé par la Chine jusqu’en 1992.

    La monarchie de Mustang est définitivement dissoute en 2008. Cette région constitue l’un des plus grands mystères archéologiques au monde à cause de ses réseaux de grottes taillés à même la montagne, parfois à plus de 4000 mètres d’altitude. L’une des plus grandes découvertes récente date de 2007 lorsqu’un berger découvre par hasard un réseau de 55 cavernes dans lesquelles sont peintes la vie de Bouddha à travers des fresques dont les plus grandes mesurent jusqu’à 8 mètres de long.

     

    Le mystère archéologique qui fascine les chercheurs du monde entier

     États et régions de l’Himalaya

     

    Aujourd’hui, la région a conservé son mode de vie traditionnel et fait toujours figure de référence dans la culture bouddhiste. Ces grottes ancestrales, dont le nombre s’élèverait à au moins 10 000, sont en quelque sorte vénérées ou du moins respectées par les populations locales.

     

    L’ère bouddhiste 

    Des fresques murales découvertes au Népal. Il y a 700 ans, le Mustang prospère grâce au commerce du sel. Carrefour entre la Chine, les royaumes de l’Himalaya et l’Inde, les caravanes traversent la région chargée de cet or blanc qui était autrefois la monnaie d’échange de référence. C’est également un « Centre d’érudition et d’art bouddhiste ».

    Comme en témoignent les découvertes archéologiques, des dizaines de milliers de manuscrit calligraphiés étaient enfouis dans ces grottes oubliées. Des traités philosophiques à l’arbitrage des conflits, ces trésors témoignent que de grands sages s’y rendaient pour y réfléchir alors que les artistes occupaient les cavernes pour y peindre l’adoration de Bouddha et des grands yogis de l’histoire bouddhiste.

    Cependant, les bouddhistes n’étaient pas les premiers à y vivre, pas même les habitants du Mustang qui s’y sont réfugiés durant différentes époques afin de se mettre à l’abri des différents conflits qui s’y déroulaient dans le but d’obtenir le contrôle de ce carrefour commercial.

     

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     Cavernes de Dhakmar 

     

    Dès les années 1990, les archéologues découvrent des corps datant de presque 3 000 ans, mais n’arrivent pas à percer le mystère de ces grottes percées au cœur même de la montagne, à l’aide de cordes, d’échafaudages ou peut-être même de marches taillées dans la pierre, le temps ayant effacé toute trace de cette époque lointaine. L’alpiniste Pete Athans les découvre pour la première fois en 1981 et assure qu’elles sont inatteignables. Cela montre à quel point ces lieux sont reculés, même pour cet aventurier expérimenté qui a effectué huit fois l’ascension de l’Everest.

     

    La découverte de Samdzong 5

     

    Le mystère archéologique qui fascine les chercheurs du monde entier

     

    Cependant, les découvertes font un bond en avant après une activité sismique dans la région en 2009. Des grottes jusque-là scellées depuis plusieurs milliers d’années sont découvertes. Samdzong 5 est l’une de ces grottes et les archéologues qui opèrent dans la région y ont fait des découvertes fascinantes.

    Tout d’abord, il s’agit d’une grotte funéraire, un souvenir précieux qui, comme le rappelle Mark Aldenderfer est un lieu qui raconte le plus d’histoire. L’idéal est donc de trouver un tombeau qui recèle généralement des vestiges datant d’avant l’ère bouddhiste, de préférence suffisamment haut pour que les pilleurs n’y aient pas eu accès avec le temps. La chance était donc du côté des archéologues lorsqu’ils mirent à jour ces tunnels en 2011.

     

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     La région du Mustang au Népal © Wikipédia / Jmhullot 

     

    Les chercheurs y trouvent d’abord des squelettes, installés de façon particulière. Certains dans des cercueils, mais tous avaient la particularité d’avoir été dépecés. Cette pratique a été conservée durant le début de l’époque bouddhiste, les archéologues ont donc pu comprendre aisément ce qu’il s’était passé. Autrefois, les morts étaient découpés en morceaux ou dépecés, les animaux sauvages se nourrissaient alors de la chair et le squelette était déposé dans des lieux sacrés. Cette pratique permettait de créer un lien direct avec les divinités et portait le nom de « funérailles célestes ».

    Cependant, ce rituel n’était réservé qu’aux hauts dignitaires, ce qui voulait dire que les archéologues avaient mis au jour le tombeau d’un chef. A ses côtés sont découverts les restes d’un cheval, surement le préféré du dignitaire, ainsi que le squelette d’un enfant d’environ 10 ans. Sans émettre de théorie pour l’instant sur la présence de ce corps, Mark Aldenderfer aidé de Jacqueline Eng, experte en ossement, assure qu’il s’agit là d’un rituel très complexe qui nécessitera du temps avant d’être complètement déchiffré.

     

    Une civilisation avancée, faisant partie intégrante de la Route de la soie 

     

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     Un masque funéraire et des poignards découverts à Samdzong 

     

    Les archéologues y font des découvertes étonnantes : les cercueils sont réalisés à partir de bois exotiques, qui ne viennent pas de la région, des restes de vêtements ornés de perles viennent d’Iran, d’Inde ou du Pakistan. L’équipe y trouve également des poignards, des tasses à thé en bambous, des bracelets de cuivre, et un masque funéraire fabriqué à partir d’or et de cuivre.

    Cela montre également que la fonction première de ces grottes était de servir de tombeaux. Une science qui était particulièrement réfléchie puisque les cercueils étaient réalisés sous forme de « kit ». En effet, les planches étaient coupées et préparées à l’extérieur avant d’être montées dans les cavernes pour y être assemblées sur place.

    Alors que la région est aujourd’hui très pauvre, ces vestiges témoignent d’une époque où le Mustang était une zone prospère, certainement grâce au commerce du sel. Ces grottes ont encore bien des choses à révéler mais les archéologues se demandent si toute la lumière sera faite sur l’histoire antique de cette région.

     

    Le mystère archéologique qui fascine les chercheurs du monde entier

     Les cavernes de Garphu, Mustang, Népal

     

    D’abord, rares sont les lieux dont l’histoire ancienne a été conservée. De plus, le temps efface aussi les traces humaines multi millénaires : Alors que certaines grottes deviennent impraticables à cause de l’érosion, de sérieux dégâts ont été observés après le tragique tremblement de terre qui a touché le Népal en 2015. Ce dernier a gravement endommagé de nombreux monuments du pays et a coûté la vie à presque 9 000 personnes.

    Tous ces éléments, aussi bien les rituels religieux complexes que la construction des grottes, montre qu’il s’agissait là d’une civilisation avancée, disposant de sa propre religion, culture, technologie et qui faisait partie intégrante de la route de la soie qui était alors qu’à ses balbutiements. Les recherches continuent cependant dans le but de découvrir les origines des grottes de la région de Mustang.

    Article paru dans Daily Geek Show


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