• Oradour, village fantôme ou village martyr  

    Au gré des rues, on croise aussi des épaves d’automobiles calcinées. (Photo : Stéphane Dubromel)

     

    Ouest-France vous emmène sur les traces de villages fantômes en France. De petits bourgs, souvent millénaires, qui se sont vidés au XXème siècle à cause de l’exode rural, de la guerre ou des grands projets d’aménagement du territoire. Aujourd’hui : Oradour-sur-Glane, dans le Limousin.

     

    Oradour, village fantôme ou village martyr

     

    Il est le plus célèbre des villages fantômes : un funeste jour de 1944, Oradour-sur-Glane a subi la barbarie nazie. Ce village du Limousin, tel un sanctuaire, est resté en l’état depuis. L’histoire s’est arrêtée brutalement. Sans préavis, pour des raisons qui restent encore floues soixante-dix ans plus tard.

     

    642 morts

    Nous sommes le 10 juin 1944. La petite bourgade paisible d’Oradour-sur-Glane, 1500 âmes, s’apprête à vivre une journée presque comme les autres en cette période de Seconde Guerre mondiale. Sauf qu’en début d’après-midi, 200 Waffen SS, remontant vers le front de Normandie, s’arrêtent aux alentours du village. Ils l’encerclent avant d’y pénétrer.

     

    Oradour, village fantôme ou village martyr

    La principale rue d’Oradour-sur-Glane. Les 300000 visiteurs annuels s’y promènent, la plupart religieusement. (Photo : Stéphane Dubromel)

     

    Les hommes sont regroupés sur la place principale, puis dispersés par petits groupes dans Oradour. Les femmes et enfants, parqués dans l’église. Tous seront exécutés par les balles ou les flammes. Le bilan est terrifiant : 642 morts. Six survivants sortiront de ce carnage, ainsi qu’une trentaine de rescapés qui avaient réussi à se cacher. Les soldats incendieront le village dans la foulée.

     

    Un lieu de pèlerinage

    Oradour-sur-Glane ne sera jamais reconstruit. Alors que la France est libérée, il est déclaré village martyr. Un nouveau bourg est bâti à quelques centaines de mètres de là, les premiers habitants y emménagent en 1953.

     

    Depuis, le vieux village est devenu un lieu de pèlerinage contre la barbarie, « un village martyr plus qu’un village fantôme », préfère souligner Richard Jezierski, directeur du Centre de la mémoire voisin. Chaque année, 300000 personnes parcourent ce sanctuaire à ciel ouvert dans lequel s’est déroulé l’un des épisodes les plus tragiques du second conflit mondial.

     

    Oradour, village fantôme ou village martyr

    Les ruines sont figées depuis plus de soixante-dix ans dans ce qui était un anonyme et paisible bourg du Limousin. (Photo : Stéphane Dubromel)

     

    Oradour, village fantôme ou village martyr

    Les visiteurs s’arrêtent devant les maisons. À l’intérieur, on découvre encore des objets calcinés, comme des sommiers ou des machines à coudre. Sur les murs, des plaques rappellent qu’ici, à Oradour, des gens vivaient et travaillaient, comme M. Dupic, qui tenait un magasin de tissus. (Photo : Stéphane Dubromel)

     

    Oradour, village fantôme ou village martyr

    (Photo : Stéphane Dubromel)

     

    Oradour, village fantôme ou village martyr

    L’ancien bureau de Poste. (Photo : Stéphane Dubromel)

     

    Oradour, village fantôme ou village martyr

    Le garage automobile d’Oradour-sur-Glane. (Photo : Stéphane Dubromel)

     

    Oradour, village fantôme ou village martyr

    Oradour-sur-Glane possédait aussi une gare pour le tramway venant de Limoges, à une vingtaine de kilomètres de là. (Photo : Stéphane Dubromel)

     

    Oradour, village fantôme ou village martyr

    L’église d’Oradour-sur-Glane, où 400 femmes et enfants ont été massacrés. C’est ici que les présidents allemand et français se sont tenu la main lors d’une cérémonie émouvante, en septembre 2013. (Photo : Stéphane Dubromel)

     

    Oradour, village fantôme ou village martyr

    Les « touristes » viennent principalement de France. Un quart de l’étranger, « mais peu d’Allemands », déplore Richard Jezierski, directeur du Centre de la mémoire. « Il faudrait à leur attention une communication spéciale » (Photo : Stéphane Dubromel)

     

    Oradour, village fantôme ou village martyr

     

    « Oradour, c’est un lieu universel, très ambivalent, de la douleur de la victime civile, mais aussi de l’espoir, dans le sens où la transmission mémorielle est très positive, souligne Richard Jezierski, directeur du Centre de la mémoire. En fait, ce qui est différent d’un autre village fantôme, c’est que l’on connaît aussi son histoire » 

     

    Oradour, village fantôme ou village martyr

    Richard Jezierski, charismatique directeur du Centre de la mémoire, inauguré en 1999. Lui réfute le qualificatif de « village fantôme », préférant celui de « martyr ». (Photo : Stéphane Dubromel)

    Article paru dans Ouest-France

     


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