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Où l'on regarde à l'intérieur des soldats
En ce mois d’octobre 1916, un imposant véhicule arpente lentement les routes de France. Il se dirige vers le front où la guerre fait rage. On distingue à son bord deux frêles silhouettes, une mère et sa fille…
Ce ne sont nulles autres que la très célèbre chimiste Marie Curie et sa fille Irène. Elles transportent un appareil de radiographie flambant neuf !
Illustration Sciencetips Voir en grandDécouvert quelques années auparavant, ce matériel d’imagerie médicale est encore très peu présent dans les hôpitaux.
Utilisant des ondes électromagnétiques, appelées rayons X, il permet de donner une image du squelette par contraste. Le cliché est noir lorsque les rayons traversent les tissus mous comme la peau, et blanc lorsqu’ils sont absorbés par les os.
Installation de radiographie dans un hôpital du Var, Première Guerre mondiale © Musée du Val de Grâce. Voir en grand
Marie Curie est bien consciente que cette nouvelle technique peut être extrêmement utile aux médecins du front. Elle permettrait de mieux diagnostiquer les fractures, mais également de localiser les balles et les éclats d’obus avant les opérations !
Ni une ni deux, la scientifique apprend à utiliser l’appareil et crée... des unités radiologiques ambulantes.Agence Rol, Voiture radiologique Massiot (voiture équipée pour pratiquer la radiologie, service de santé militaire de l'armée française) avec un blessé, 1914, photographie, Bibliothèque nationale de France, Paris. Voir en grand
Quelques semaines seulement après le début des hostilités, elle parvient à mobiliser plus de 200 véhicules et former plus de 150 manipulatrices à l’utilisation de la radiographie.
L’une d’elles n’est autre que sa fille Irène, alors âgée de 17 ans. Tout comme sa mère, la jeune femme est passionnée par les sciences. C’est donc avec facilité qu’elle se forme à la manipulation de ses unités radiographiques que les soldats surnomment les « petites Curies ».
Marie Curie et sa fille Irène au milieu d'un équipement radiographique à l'hôpital de Hoogstade en Belgique, 1915 © Association Curie et Joliot-Curie. Voir en grand
Si cette expérience a permis de sauver des milliers de blessés, elle aura également conforté Irène dans son désir de devenir une femme de science.
À la suite de sa mère, elle sera ainsi la deuxième femme à recevoir, en 1935, le très prestigieux prix Nobel de chimie…
Marie Curie et sa fille Irène à l'Institut du Radium de Paris, 1921. © Association Curie Joliot-Curie. Voir en grand
Article paru dans Sciencetips
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