• Charles Saint-Yves, ou de Saint-Yves, (1667-1731) est un philanthrope et un oculiste français, célèbre pour son opération de la cataracte, et son traité d’ophtalmologie.

     

    Vie et carrière

    Saint-Yves naquit en 1667 à Maubert-Fontaine (Ardennes), d'une famille protégée par Marie de Guise, qui le fit venir à Paris avec son frère aîné (1660-1730) en qualité de page. Il entra chez les Lazaristes de Paris en 1686, et y servit à la pharmacie, où il étudia la médecine et la chirurgie.

    Il se spécialisa ensuite dans les maladies des yeux et l’ophtalmologie endocrinienne, et quitta le Prieuré Saint-Lazare pour s’établir en 1711 chez son frère aîné, rue Notre-Dame de Bonne-Nouvelle.

    Ses recherches, et en particulier son traitement de la cataracte, lui conférèrent une réputation à travers l’Europe et firent courir sa consultation. Les témoignages rapportent que Saint-Yves conserva jusqu’à sa mort un sens aigu de la charité, en particulier au service de patients indigents, ou accueillant des visiteurs de ses Ardennes natales.

    Il mourut à Paris le 3 août 1731, jouissant alors d'une réputation importante et d'une large fortune (un demi million de livres).

     

    L'opération de la cataracte

    Au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles se répandait l'idée que le siège de la vision ne résidait pas dans le cristallin, mais que celui-ci consistait en une lentille dont la dégradation (« humeur vitreuse ») entraînait la cataracte. Pierre Brisseau (1631-1717) présenta de telles conclusions à l'Académie de Médecine en 1705 puis dans son Traité de la Cataracte et du Glaucome (1709), suivi de d'Antoire Maître-Jean (Traité des maladies de l’œil, 1707).

    Ceci ouvrit la voie à la recherche de traitements opératoires, et Saint-Yves pratiqua une première opération de la cataracte sur un sujet vivant en 1707 à Paris, et précisa son mode chirurgical en menant plusieurs centaines d'extractions du cristallin par incision de la cornée durant cette première année, inventant ainsi l'occlusion par secteur. Saint-Yves conseilla ensuite le chirurgien Jean-Louis Petit dans son opération de la cataracte en 1708. La technique s'affina dans les années qui suivirent, au point de se pratiquer à une échelle relativement large dès la fin des années 1710.

    L'Encyclopédie cite ainsi : « Parmi les auteurs françois, il n'y a que Saint-Yves, qui soit entré dans quelques détails très-succincts, fur la pratique de cette opération. Il pastoit, au moyen d'une aiguille, une foie à travers le globe pour le soulever pendant l'extirpation ; il ne décrit point le procédé qu'il suivoit, & il se borne a dire, que les malades font guéris en peu de temps. »

     

    Traité des maladies des yeux

     

    Charles de Saint-Yves, Traité des maladies des yeux, 2e édition 1736

     

    Fort de cette expérience et de la renommée qui s'ensuivit, Saint-Yves publia en 1722 une monographie pathologique descriptive devenue l'une des références de l'école française d'ophtalmologie, sous le titre Nouveau traité des maladies des yeux où l'on expose leur structure, leur usage, les causes de leurs maladies, leurs symptômes, les remèdes et les opérations de chirurgie qui conviennent le plus à leur guérison, avec de nouvelles découvertes sur la structure de l'œil, qui prouvent l'organe immédiat de la vue, par Mr de Saint-Yves, chirurgien oculiste de Saint Côme.

    L'édition française originale parut à Paris en 1722, et fut suivie de rééditions posthumes à Amsterdam (1736) et à Leipzig (1767).

    L'ouvrage, objet d’une querelle vite désamorcée dans le Mercure de France en mai 1722, devint une référence et l’on en publia diverses traductions à travers l'Europe, en anglais (Londres 1741 et 1744), en allemand (Berlin 1730), en italien (Venise 1750, 1768 et 1781), ou en néerlandais (1739).

     

    Postérité

    Pour son mode opératoire et son traité, Saint-Yves s’inscrit parmi les pionniers de l’ophtalmologie moderne et est considéré comme un des pères de l'école française. Sa réputation fut confortée par les soins de son ancien disciple Etienne Léoffroy, et auquel Saint-Yves, sans descendance directe, légua son nom et ses biens, l'ayant adopté par patente royale.

    Une lignée postérieure de médecins et d'intellectuels au nom Saint-Yves descend de Léoffroy plutôt que de branches collatérales qui entrèrent en litige avec ce dernier.

    Article tiré de Wikipédia


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