• a Jeanne d'Arc d'Afrique
     

    La légende a fait d'elle une reine, une guérisseuse et une prophétesse. Aline Sitoé Diatta est née en 1920 à Kabrousse, dans le Sud du Sénégal et est devenue l'emblème de la résistance en Casamance. A Nialou, un petit quartier de Kabrousse, le travail est rare. La jeune Aline quitte alors la demeure de son oncle pour travailler comme docker à Ziguinchor. Ce travail l'ennuie et l'épuise. Sur un coup de tête, elle décide de migrer à Dakar.

    Un soir qu'elle déambulait dans la capitale, elle entend des voix pour la première fois. Au début, elle n'y prête guère attention mais celles-ci se font plus insistantes et lui ordonnent de rentrer chez elle pour libérer son peuple. Alors qu'elle refuse d'obtempérer, elle entend un murmure dans sa chambre à coucher : « Rentre chez toi ou il t’arrivera malheur ».

    Le quatrième jour, Aline se réveille paralysée. Sa famille la ramène en Casamance où elle retrouve l'usage de ses membres dès qu'elle foule la poussière de son sol natal. Désormais convaincue d'avoir un rôle important à jouer, Aline Sitoé Diatta demande à son peuple de refuser catégoriquement toute activité imposée par les colons « toubabs » : refus de payer l'impôt, rejet de la culture d'arachide au détriment de celle du riz, enrôlement pour la guerre, renouement avec les sources, les sacrifices et les religions traditionnelles.

    Les échos des exploits de la résistante, rebelle et insoumise – faiseuse de miracles qui peut guérir des malades rien qu'en les touchant – parviennent jusqu'au pouvoir central. Aline Sitoé Diatta devient alors la femme à abattre. Les soldats débarquent chez elle un jour où elle tandis qu'elle est en règles menstruelles (à l'époque dans l'ethnie diola, les règles sont considérées comme impures et la femme menstruée doit quitter son domicile et dormir dans un lieu spécial). Ils forcent le passage et tirent sur toutes les personnes aux alentours, tuant une femme qu'ils prennent pour Aline Sitoé. Le lendemain, elle ira elle-même se rendre aux colons pour éviter que d'autres innocents soient tués.

    La reine-prêtresse de Kabrousse est arrêtée le 8 mai 1943. Elle ira d’une prison à l’autre au Sénégal et en Gambie et finalement sera déportée à Tombouctou, au Mali. Ses prétendus pouvoirs effrayeront ses geôliers qui veulent la voir morte au plus vite. Aline succombera probablement aux tortures et aux privations de nourriture.


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