• Verdun, c’est vraiment fini ?

    Verdun, c’est vraiment fini ?

     

    Les jours qui suivent le 19 décembre, aucun journal français ne vient titrer la « Victoire de Verdun ».

     

    Les historiens s’accordent à reconnaître que la bataille de Verdun a duré 300 jours et 300 nuits, soit entre le 21 février et le 19/21 décembre 1916.

     

    En réalité, au soir du 19 décembre, le front existe toujours à Verdun. Les troupes allemandes et françaises se font toujours face et des échanges de tirs ont lieu. Cependant, l’activité militaire décroît. L’intensité des combats n’est plus celle des premiers mois quand les Allemands voulaient saigner à blanc l’armée française, quand ils ont pris Douaumont le 25 février, quand la Voie sacrée a permis aux soldats français de résister, quand la bataille des ailes (cote 304 et Mort-Homme) entre mars et avril n’a fait avancer l’ennemi que de deux kilomètres, au prix de nombreuses pertes.

     

    La contre-offensive française (22 mai) a permis de reconquérir le fort de Vaux, au prix fort. La dernière offensive d’envergure allemande a lieu en juillet quand débute la bataille de la Somme. Le plan allié d’y fixer une partie des troupes pour soulager le saillant de Verdun réussit. La 5e armée allemande est amputée de plusieurs divisions qui sont transférées sur ce nouveau théâtre d’opérations. L’un des tournants de Verdun se situe en août, avec l’offensive pour la reconquête des forts : Souville, Douaumont, Thiaumont, Froideterre. Là encore, c’est la patience, la hargne et le sens du sacrifice qui permettent de reprendre les symboles perdus. Le 24 octobre 1916, les Français reprennent Douaumont. Le 3 novembre, ils reprennent le fort de Vaux. Le 15 décembre, une nouvelle attaque, effectuée par les 37e, 38e, 126e et 133e divisions d’infanterie, libère les zones de couverture des forts et, plus à l’ouest, la cote du Poivre est reconquise.

    À partir de cet instant, les Allemands savent que le plan du général allemand Erich von Falkenhayn a échoué.

    Les jours qui suivent le 19 décembre, aucun journal français ne vient titrer la « Victoire de Verdun ». Pour cause. Le front est fixé et la guerre se poursuit dans les tranchées de la Meuse. Les soldats français consolident leurs positions sous le feu de l’artillerie allemande, qui a de plus en plus recours aux obus à gaz.

     

    En janvier et février 1917, le froid rend le champ de bataille totalement impraticable, ce qui limite les travaux et les opérations. Les températures descendent souvent sous les -10 °C. Sur la rive gauche, le 25 janvier, à la suite d’une attaque, les Allemands occupent une partie de la cote 304. Sur la rive droite, une autre attaque le 4 février au niveau des Chambrettes et à l’ouest du bois des Caurières est stoppée par les Français. D’autres batailles pour les cotes 304, 344 et le Mort-Homme se déroulent pendant le printemps et l’été 1917. Verdun sera battu par les obus allemands jusqu’en avril 1918. Il faudra attendre l’offensive américaine du 26 septembre 1918 en Argonne pour dégager définitivement Verdun.

     

    Si Verdun reste, aujourd’hui, la reine des batailles de la Première Guerre mondiale, c’est que cette victoire est essentiellement française. Les trois quarts des unités françaises y sont passés. C’est aussi l’une des plus sanglantes. Les Français (métropolitains et coloniaux) ont perdu 378.000 hommes, dont 163.000 tués et 215.000 blessés. De leur côté, les Allemands décomptent 337.000 soldats tombés, dont 143.000 tués et plus de 180.000 blessés.

     

     Article paru dans Boulevard Voltaire

     


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