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    Il y a 43 ans…

     

    En 1973, le chantier de la tour Montparnasse s’achève et Le Figaro raconte les débuts des premiers locataires. A l’époque déjà, ils appréciaient la vue sur Paris qui n’est pas gâchée par la tour elle-même.

     

    Il y a 43 ans…

     

    En ce mercredi 19 septembre 1973, Le Figaro évoque les nouveaux « Montparnos » (référence aux groupes d’artistes qui vivaient dans le quartier), ces précurseurs qui sont les premiers occupants de la tour Montparnasse et ses 210 mètres de haut, tout fraîchement achevée. Une expérience qui rend le journaliste Jacques Nosari particulièrement lyrique. « La tour Maine-Montparnasse n’est plus seulement cet objet inanimé, admiré par les uns, détesté par les autres, écrit-il. Elle a maintenant une vie intérieure et un cœur commercial qui depuis vendredi bat le rappel d’une nouvelle clientèle. Elle a ses premiers habitants encore un peu perdu dans cette Babel de l’an 2000, encore un peu hésitants, se déplaçant avec des précautions de cosmonautes foulant une nouvelle planète. Ils ne sont que 700 précurseurs sur les dix mille qui peupleront la tour quand tout sera terminé. »

     

    Auscultés par des spécialistes en sociologie urbaine

    Pour cette grande nouveauté, les premiers occupants sont de véritables cobayes « dont une armée de spécialistes en sociologie urbaine surveille les réactions physiques et morales », précise l’article. On y apprend aussi que les doyens des lieux « appartiennent à l’état-major du multi-restaurateur Jacques Borel, installé aux 27ème et 28ème étage depuis déjà trois mois » et qui va bientôt « manger un étage de plus »

     

    Il y a 43 ans…

     

    Malgré l’attrait de la modernité l’enthousiasme est loin d’être général ou béat. « J’étais absolument contre cette tour qui dépare la rive gauche, explique ainsi l’un des occupants. La meilleure façon de ne pas la voir, c’est encore d’être dedans. » Parmi les autres récriminations, le journaliste relève: « C’est la pagaille », « l’accès aux parkings est une prouesse » ou encore « la climatisation fonctionne mal ». Plus de 40 ans après, on peut encore formuler ces critiques à l’encontre de bien des tours.

     

    54.000 m² de carreaux à nettoyer

    Il n’en reste pas moins que cet immense chantier qui touche à son terme suscite la curiosité des habitants de la capitale. « La tour a connu durant ce week-end un énorme succès de curiosité, précise le journaliste. Elle a été un but de promenade pour des milliers de Parisiens. Affluence qui rappelle un peu les premiers jours d’Orly. »

     

    Il y a 43 ans…

     

    Et pour les amateurs de chiffres, on apprend qu’une escouade de laveurs de carreaux en cours de formation aura 54.000 m² à nettoyer tandis qu’un « ordinateur mis en place sous la tour est chargé de surveiller 24 heures sur 24 les 2500 points névralgiques du bâtiment ». Quant aux ascenseurs, leurs concepteurs promettaient déjà à l’époque des appareils « intelligents grâce à un système électronique complexe », capables de gravir les 58 étages en 40 secondes et qui devrait éviter toute attente de « plus de 30 secondes ». Des bien belles promesses.

    Article paru dans Le Figaro


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     Il y a 157 ans…


    En 1859, Le Figaro s’amuse à souligner dans une chronique que l’abandon des anciennes mesures duodécimales au profit du mètre est à l’origine d’une architecture pratique, efficace mais sans génie.

    Il y a 157 ans…

     

    En ce 3 septembre 1859, Le Figaro percevait déjà la « décadence de l’architecture moderne ». Mieux que cela, il en avait décelé la cause. Une origine insoupçonnée : l’adoption du système métrique, dont le principe avait été adopté dès la Révolution française en 1789. Le chroniqueur Paul d’Ivoi y fait cette découverte lors d’un congrès d’archéologie qui se tenait à Strasbourg.

    « C’est notre funeste système décimal des poids et mesures qui a tué l’architecture, écrit-il. Le système décimal est commode, il est vrai, pour compter, pour multiplier, pour diviser il est exact, il rend impossible les fraudes, il est uniforme et régulier, il a des avantages incontestables, il n’est funeste qu’à l’architecture. L’ancien système de mesures, au contraire, le système duodécimal, le pied, se divisant en douze pouces, le pouce en douze lignes, le sou en douze deniers, etc. était favorable à l’architecture. »

    « Quiconque a adopté le système décimal n’a pas la foi, et ne peut pas faire un bon architecte. »

    Et pourquoi donc ? Tout simplement parce que 10 n’est divisible que par 1, 2 et 5 alors que 12 serait « un nombre sacré ». « C’est le nombre des apôtres il est divisible par un, par deux, par trois, par quatre et par six, poursuit l’article. Trois est le nombre sacré par excellence, c’est le nombre divin ; c’est de l’idée de la Trinité que découle l’ogive, gloire de l’architecture gothique. Quiconque a adopté le système décimal n’a pas la foi, et ne peut pas faire un bon architecte. »

    Concluant son explication, l’article relate la mésaventure d’un architecte strasbourgeois, défenseur du mètre. « Vous mesurez vos constructions avec un mètre et non pas avec une toise ? Allez, vous n’avez pas la foi ; vous ne pouvez être qu’un architecte de décadence. » Voilà pour ceux qui ignoraient les malheurs que nous a attirés le mètre.

    Article paru dans Le Figaro


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  • Où l’on apprend que le piratage, ce n’est pas nouveau.

     Angleterre, 1733. William Hogarth est un graveur renommé et tout le monde est impatient de voir sa dernière œuvre.

     

    Il s’agit d’une série de huit gravures, La Carrière d’un libertin. Mais les Anglais devront patienter : Hogarth décide de retarder la publication de son travail. Qu’attend-il ?

     

    "La copie de trop"

    William Hogarth, La Carrière d’un libertin, planche n°1 : le jeune héritier prend possession des biens de l’avare, 1733-1735, gravure, 35 x 41 cm, SCAD Museum of Art, Savannah

     

    L’artiste s’estime victime de son succès ! Sa dernière œuvre, La Carrière d’une prostituée, a été trop appréciée.

    Ce cycle moralisateur de six gravures conte le déclin d’une jeune femme respectable qui tombe dans la prostitution. Le public est conquis ! À tel point que la série est reproduite de nombreuses fois… sans l’accord de l’artiste.

     

    "La copie de trop"

    William Hogarth, La Carrière d’une prostituée, planche n°3, 1732, gravure, localisation inconnue

     

    Hogarth a peur que La Carrière d’un libertin ne connaisse le même sort. Il décide donc de prendre les choses en main : il interpelle le Parlement !

    Fédérant plusieurs autres graveurs, Hogarth mène une campagne pour la protection de leur art. Pas question de publier de nouvelles œuvres avant d’avoir obtenu gain de cause !

     

    "La copie de trop"

    William Hogarth, La Carrière d’un libertin, planche n°2 : entouré d’artistes et de professeurs, 1733-1735, gravure, 35 x 41 cm, SCAD Museum of Art, Savannah

     

    Le Parlement finit par céder : en 1735, il promulgue une nouvelle loi. Grâce à celle-ci, surnommée la "loi Hogarth", les graveurs peuvent tranquillement exercer leur art. Un véritable copyright les protège désormais.

    Hogarth peut alors diffuser La Carrière d’un libertin en toute sécurité. Il y dépeint un jeune héritier pris au piège de l’argent facile. Le public admire encore une fois son talent et la portée morale de son art.

    Les artistes peuvent remercier la ténacité d’Hogarth : grâce à lui, les copieurs sont punis !

     

    "La copie de trop"

    William Hogarth, L’Artiste et son carlin, 1745, huile sur toile, 90 x 69 cm, Tate Britain, Londres

     

    "La copie de trop"

    William Hogarth, La Carrière d’un libertin, planche n°3 : à la taverne, 1733-1735, gravure, 35 x 41 cm, SCAD Museum of Art, Savannah

    Article paru dans Artips


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  • Où l’on découvre des cuillères bien en jambes.

     

    Voilà une cuillère pas banale ! Elle est juchée sur deux jambes courtes et musclées.
    Ce curieux objet en bois a été créé par un sculpteur Dan, en Côte d’Ivoire. Et sa fonction est tout aussi surprenante que sa forme…

    Pas question de touiller la soupe avec un ustensile aussi puissant ! Cette cuillère est un objet cérémoniel dans lequel vient se nicher un esprit bienveillant.
    Dans la culture Dan, les villageois désignent et récompensent la « meilleure hôtesse » en lui offrant ce prestigieux cadeau. Il faut donc y voir un symbole de statut social. Mais que faire pour mériter ce titre ?

     

    « Vous reprendrez bien une cuillère ? »

    Cuillère cérémonielle anthropomorphe, Culture Dan, Côte d’Ivoire, 2005, bois et métal, 56 x 13 cm, Musée du quai Branly - Jacques Chirac, Paris

     

    Attention, la liste est longue. Il faut non seulement être la femme du village la plus travailleuse, la plus généreuse, mais aussi celle qui reçoit le mieux ses invités, qui organise les fêtes les plus réussies et dont les affaires sont couronnées de succès ! Pour maintenir une telle performance, l’élue a bien besoin d’un coup de main…  

    C’est là qu’elle peut compter sur l’esprit de la cuillère. Grâce à son aide, elle parvient à réussir toutes les tâches qu’elle entreprend. 

     

    « Vous reprendrez bien une cuillère ? »

    Deux cuillères cérémonielles anthropomorphes, Culture Dan, Côte d’Ivoire, XIXème siècle et première moitié du XXème siècle, bois, environ 70 cm de haut, Musée du quai Branly - Jacques Chirac, Paris

     

    C’est lors de certains banquets qu’elle organise que la cuillère sert effectivement à contenir quelque chose, du riz par exemple. Son cuilleron bombé devient alors la métaphore d’un ventre fertile. 

    Le reste du temps, lorsque sa propriétaire n’en a pas besoin, la cuillère est suspendue dans la maison pour que personne n’y touche. Si quelqu’un d’autre l’utilise, gare à lui ! 

     

    « Vous reprendrez bien une cuillère ? »

    Cuillère cérémonielle anthropomorphe, Culture Dan, Côte d’Ivoire, 2005, bois et métal, 56 x 13 cm, Musée du quai Branly - Jacques Chirac, Paris. Détail de la cuillère

     

    Pour venir découvrir cette cuillère Dan, rendez-vous au musée du quai Branly - Jacques Chirac, à Paris : avec 200 autres objets et œuvres exceptionnels, elle est présentée dans l'exposition Jacques Chirac ou le dialogue des cultures, jusqu'au 9 octobre 2016.

     

    « Vous reprendrez bien une cuillère ? »

    Découvrir la bande-annonce de l'exposition

    Article paru dans Artips


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  • Où l’on découvre une œuvre qui bassine les rois de France.

    En se promenant dans les salles du Louvre, on découvre un objet bien mystérieux. Il est surnommé le « baptistère de Saint Louis » c’est-à-dire le récipient utilisé lors des baptêmes chrétiens…

    Drôle de nom pour une œuvre considérée comme la grande fierté du département des arts de l’Islam !

     

    « À l’eau ! »

    Mohammed Ibn al-Zain, Bassin dit « baptistère de Saint Louis », vers 1320-1340, laiton, incrustations d’or et d’argent, 22 x 50,2 cm, Musée du Louvre, Paris

     

    L’auteur de ce chef-d’œuvre arabe, c’est Mohammed Ibn al-Zain. Cet artisan du XIVème siècle montre l’étendue de son talent avec cette œuvre en laiton, dans laquelle il a incrusté de l’or et de l’argent.

    Le décor minutieux, qui recouvre l’intégralité du bassin, fourmille de détails. On y distingue des scènes de bataille, des animaux, des créatures fantastiques et… des fleurs de lys.

    Que viennent faire là ces emblèmes de la couronne de France ?

     

    « À l’eau ! » 

    Détail de l’œuvre

     

    Si l’œuvre a effectivement été fabriquée en Égypte, elle a voyagé bien loin, pour atterrir dans les collections des rois de France ! Et les souverains jugent l’objet si beau qu’ils lui donnent un rôle de choix. Le bassin va désormais servir… au baptême de leurs enfants ! C’est d’ailleurs à ce moment-là que sont ajoutées les fleurs de lys.

    Ainsi en 1601, le bébé Louis XIII fut plongé dedans. Pour le baptême du fils de Napoléon III, quelques siècles plus tard, on va jusqu’à sortir le fameux bassin des réserves du Louvre ! Après cela, l’œuvre retournera directement au musée.

     

    « À l’eau ! »

    Armand Auguste Caqué, Médaille du baptême du Prince impérial, XIXème siècle, cuivre, Palais de Compiègne

     

    L’artisan égyptien aurait-il imaginé un tel destin pour son œuvre ? Difficile à dire… En tout cas, il était déjà très fier de son travail. La preuve : il signe son œuvre non pas une, mais six fois !

     

    « À l’eau ! »

    Mohammed Ibn al-Zain, Bassin dit "baptistère de Saint Louis", vers 1320-1340, laiton, incrustations d’or et d’argent, 22 x 50,2 cm, Musée du Louvre, Paris. Détail de l'œuvre (signature de l'artiste)

       

    « À l’eau ! »

    Sur le "baptistère de Saint Louis" et le mystère qui l’entoure (vidéo)

    http://education.francetv.fr/matiere/architecture/quatrieme/video/un-baptistere-mysterieux

     Article paru dans Artips


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