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Par atao feal le 27 Août 2016 à 11:14
En juillet 1862, Napoléon III passe son second séjour thermal à la Villa Strauss, à Vichy. Le Figaro en profite pour révéler le coût astronomique de ces vacances thermales en compagnie d’une vaste suite.
Après Plombières, dans les Vosges, c’est sur Vichy (Allier) que l’empereur Napoléon III jette son dévolu pour soigner son foie lors de cures thermales estivales. Le 17 juillet 1862, Le Figaro relate le deuxième séjour impérial dans la ville d’eaux et dévoile quelques indiscrétions. « L’Empereur est ici depuis quelques jours ; il est installé, comme l’année dernière, dans la villa Strauss, qui n’est autre chose qu’un élégant pavillon orné d’un jardinet, écrit le journal. Tout un hôtel voisin, l’hôtel des Thermes, est exclusivement occupé par la suite, composée d’une soixantaine de personnes ; et l’hôtelier, reçoit, dit-on, 30.000 francs pour le mois. » Une sacrée somme ! En admettant que le franc germinal de l’époque qui représentait 0,29 g d’or soit resté stable jusqu’en 1901 et en reprenant à cette date le convertisseur de pouvoir d’achat de l’Insee, on parvient à un équivalent d’actuel de 11,6 millions d’euros.
Et on est loin du compte de la note globale de ce séjour impérial. Comme le précise le Figaro: « Quant à Strauss, il a aussi ses compensations : l’été dernier, l’Empereur, en partant, lui a fait remettre un portefeuille qui devait être une boîte à surprise, et Mme Strauss recevait en même temps un bracelet enrichi de diamants d’une valeur de 10.000 francs (3,87 millions d’euros actuels, NDLR). Vous voyez que les propriétaires parisiens ont encore de la marge avant d’atteindre à de pareils chiffres de location ! »
Soubassement en porphyre
Et qu’obtient l’empereur pour ce tarif ? Il faut se référer au Figaro de juin 1861 pour en savoir plus sur cette demeure construite pour Isaac Strauss, compositeur de valses et chef d’orchestre à Vichy de 1844 à 1859. « Elle est située rue du Parc, à l’angle d’une rue nouvelle qui conduit à l’Allier, c’est un pavillon style Louis XIII, élevé de deux étages, sur un soubassement en porphyre rustique, formant sous-sol. On entre par la nouvelle rue et l’on accède au rez-de-chaussée par un perron circulaire, orné de quatre statues en pierre, du temps de Louis XIV, et provenant d’un château princier d’Allemagne. »
« La galerie conduit au salon de réception, qui est meublé avec un goût et une originalité qui révèlent chez Strauss l’amateur à côté de l’artiste, précise encore le journaliste. Le plafond est une grande toile de Jouvenet, représentant un sujet mythologique. » Et ce n’est pas tout : « Le jardin de la villa Strauss a été transformé en une charmante miniature de parc anglais, souligne l’article. On y a dessiné une rivière, comme au bois de Boulogne, et des eaux vives jaillissant des rochers entretiennent sous ces ombrages une douce fraîcheur. »
Concernant l’établissement de cure en lui-même, propriété de l’État, tout a été pensé pour l’Empereur. « La salle de bains disposée à l’établissement thermal forme tout un appartement et comprend les appareils balnéatoires les plus perfectionnés, peut-on lire dans Le Figaro. Elle s’ouvre à l’un des angles de la façade, du côté de l’Allier, et à une très petite distance de la villa Strauss. »
Article paru dans Le Figaro
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