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    A Paris, pendant l’Occupation, Missak Manouchian, ouvrier, poète et intellectuel d’origine arménienne, prend la tête d’un groupe de résistants, les FTP-MOI*, essentiellement composé d’Italiens, d’Espagnols et de nombreux juifs d’origine polonaise, hongroise et roumaine.

    Après la fameuse rafle du Vel d’Hiv, ils s’engagent dans l’action anti nazie. Manouchian, d’abord réticent à tuer, transgresse son éthique au vu des circonstances.

    Sous son impulsion, le groupe se structure et commet près d’une centaine d’actes de résistance au cours de l’année 1943.

    Les résistants sont alors traqués par les nazis et par la police française. Filatures, dénonciations, chantages, tortures : toutes les méthodes sont utilisées pour mettre fin à l’activité des membres du réseau.

    Filé à partir de son domicile parisien, Missak Manouchian devait rencontrer, sur les berges de la Seine, Joseph Epstein, responsable des Francs-Tireurs Français pour l’Ile-de-France.

    Ils seront capturés sur la rive gauche après avoir tenté d’échapper aux policiers en civil lancés à leurs trousses. Ainsi prit fin l’une des plus grandes opération de police contre la résistance, notamment la formation militaire des volontaires immigrés d’origines juive, italienne, espagnole, arménienne… dont les faits d’armes, dans la capitale même, furent autant de coups portés au prestige de l’occupant.

    Ce qui leur valu la colère de Berlin qui exigeait de mettre rapidement les « terroristes juifs et étrangers hors d’état de nuire ».

    Le Parti communiste français est responsable de la chute du groupe Manouchian

    Selon Adam Rayski, qui était responsable national de la section juive du PCF de 1941 à 1949, le Parti communiste français est responsable de la chute du groupe Manouchian.

    « En mai 1943, devant le bilan des pertes des organisations juives, j’ai demandé le repli et le transfert de notre direction dans la zone Sud. Le Parti communiste a refusé, qualifiant cette attitude de capitularde ».

    Les communistes voulaient continuer à frapper dans la capitale avec ce qui restait de son unique bras séculier : les FTP-MOI. Stratégiquement, la direction, pour affirmer sa suprématie vis-à-vis de Londres et du Conseil national de la Résistance, désirait capitaliser les actions d’éclat de la MOI.

    La direction nationale juive est partie in extremis pour Lyon, mais les FTP ont continué à lutter sur place avec acharnement.

    Le Parti a sous-estimé l’impératif de la guérilla urbaine – savoir décrocher – et a tiré un rendement politique maximum des coups d’éclat de la MOI.

    A terme, c’était une grave erreur politique. La part de responsabilité du PC dans les arrestations de résistants – dont les 23 de l’Affiche rouge – est indiscutable.

    En 1985, L’histoire de ces combattants est revenue sur le devant de la scène après le bouleversant documentaire de Stephane Courtois et Mosco Boucault, « Des terroristes à la retraite » diffusé malgré les tentatives de censure du PCF. Les accusations sont relayées par Mélinée, la veuve de Missak, d’où l’émoi du PCF.

    On y voit les derniers survivants du groupe racontant, avec encore un très fort accent yiddish, leur combat.

    Quarante ans plus tard, certains n’avaient toujours pas obtenu la naturalisation française. Ce documentaire accuse la direction de l’époque du Parti communiste français (PCF) d’avoir lâché voire vendu le groupe Manouchian.

    Et puis il y a les mots accusateurs de la dernière lettre de Missak Manouchian : « Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal ou ont voulu méfaire du mal, sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus. »

    Celui qui a trahi, c’est Joseph Davidowicz, le commissaire politique du groupe qui, après son arrestation, a craqué sous la torture et a commencé à travailler pour la Gestapo…

    Mais qui sont les autres ?

    Le grand historien du communisme français, Philippe Robrieux, évoqua une trahison au plus haut niveau mettant en cause Jean Jérôme – à l’état civil Michel Feintuch – grand argentier du Parti communiste et homme du Komintern, qui fut arrêté en avril 1943 et emprisonné à Fresnes jusqu’à la libération.

    Il y a eu trahison du Parti communiste et la volonté d’éliminer sciemment ces combattants étrangers pour franciser la résistance. Un choix lâche de sacrifier ces héros.

    Le PCF avait besoin de maintenir ses combattants sur le terrain pour montrer à une résistance gaulliste en exil qui attendait le D-Day, que les communistes, eux, se battaient les armes à la main.

    Liste des membres des 23 membres du groupe Manouchian exécutés le 21 février 1944 par les Nazis :

    Celestino Alfonso (Espagnol)

    Joseph Boczov (Boczor Józse ; Wolff Ferenc) (Hongrois juif)

    Georges Cloarec (Breton)

    Roger Rouxel (Français)

    Robert Witchitz (Français juif)

    Rino Della Negra (Italien)

    Spartaco Fontano (Italien)

    Césare Luccarini (Italien)

    Antoine Salvadori (Italien)

    Amédéo Usséglio (Italien)

    Thomas Elek (Elek Tamás) (Hongrois juif)

    Emeric Glasz (Békés (Glass) Imre) (Hongrois juif)

    Maurice Fingercwajg (Polonais juif)

    Jonas Geduldig (Polonais juif)

    Léon Goldberg (Polonais juif)

    Szlama Grzywacz (Polonais juif)

    Stanislas Kubacki (Polonais)

    Marcel Rayman (Polonais juif)

    Willy Szapiro (Polonais juif)

    Wolf Wajsbrot (Polonais juif)

    Arpen Lavitian (Arménien)

    Missak Manouchian (Arménien)

    Olga Bancic (Roumaine juive)

    Les 22 premiers cités sont fusillés au fort du Mont-Valérien le 21 février 1944. La dernière citée, Olga Bancic, est décapitée à Stuttgart le 10 mai 1944.

    Les combattants des MOI (main d’œuvre immigrée) sont morts, mais en marchant !

    Honneur à eux.

    Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean Vercors pour Dreuz.info.

     


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