• Cet ancêtre de l'humanité haut perché dans les arbres

     Lucy devait dormir la nuit dans les arbres pour échapper aux prédateurs.

     

    La plus célèbre des ancêtres de l'humanité vieille de 3,18 millions d'années, Lucy, passait au moins un tiers de son temps dans les arbres où elle nichait. C'est ce que révèle une étude dévoilée ce mercredi démontrant que Lucy devait dormir la nuit dans les arbres pour échapper aux prédateurs.

    Marchait-elle le plus souvent sur le sol ou continuait-elle aussi de grimper dans les arbres ? Depuis la découverte des ossements fossilisés de Lucy, les paléontologues s'interrogent sur les habitudes de cet hominidé de 1,10 m de hauteur, qui pesait 29 kg.

    Une nouvelle analyse détaillée des restes bien préservés du squelette, avec un scanner capable de pénétrer les couches de minéraux et de produire des images à haute définition, révèle que les membres supérieurs de Lucy étaient très développés, comme ceux des chimpanzés, les champions quand il s'agit de grimper aux arbres.

     

    Un arbre… à tomber

     

    Mais le fait de passer du temps dans les branches a aussi été fatal à Lucy : une autre étude récente, basée sur l'analyse d'une fracture osseuse, a en effet permis aux scientifiques de conclure qu'elle était apparemment morte après être tombée d'un arbre.

    La dernière étude, publiée dans la revue américaine Plos One, indique que Lucy devait surtout utiliser ses bras pour se hisser dans les arbres, la morphologie de ses pieds étant mieux adaptée à une locomotion bipède qu'à s'accrocher aux branches, expliquent ces chercheurs des universités Johns Hopkins à Baltimore (Maryland) et du Texas à Austin.

    Ces travaux confortent les indications selon lesquelles Lucy devait dormir la nuit dans les arbres pour échapper aux prédateurs tout en notant la difficulté de déterminer précisément sa part de vie arboricole. Supposant qu'elle sommeillait environ huit heures par jour, elle devait rester un tiers de son temps dans les arbres, voire davantage si elle y cherchait aussi de la nourriture.

     

    Lucy, notre ancêtre à tous, serait morte en tombant d'un arbre

     

    Cet ancêtre de l'humanité haut perché dans les arbres

    L'anthropologue John Kappelman tenant des reconstitutions des os du squelette de Lucy. | AFP 

    Lucy, la plus célèbre des australopithèques qui vivait en Afrique il y a 3,18 millions d'années, est « probablement » morte en tombant d'un arbre, selon une étude scientifique publiée lundi dans la revue Nature.

    « Notre hypothèse, c'est que Lucy a étendu le bras pour essayer d'amortir sa chute », déclare l'anthropologue John Kappelman, de l'Université du Texas à Austin, qui a analysé de près différentes fractures relevées sur le fossile. Il a calculé qu'elle avait « probablement » chuté de plus de 12 mètres. « La mort est survenue rapidement », assure-t-il.

     

    Cet ancêtre de l'humanité haut perché dans les arbres

    Une reconstitution du squelette de Lucy, et ce à quoi elle devait ressembler au National Museum of Nature and Science de Tokyo. | Creative Commons 3.0 / Momotarou2012

     

    « Ce type de fracture arrive lorsque la main percute le sol pendant une chute et compresse les éléments de l'épaule les uns contre les autres pour produire ce trait de fracture spécifique sur l'humérus », a-t-il expliqué dans un communiqué.

    D'après John Kappelman, Lucy mesurait environ 107 cm et se réfugiait la nuit dans les arbres pour échapper aux prédateurs. Les fractures qu'elle a subies laissent penser qu'elle a chuté d'au moins 12 mètres de haut. L'anthropologue et d'autres chercheurs de l'université du Texas avaient radiographié le fossile de Lucy lorsqu'il avait été exposé dans plusieurs musées américains en 2009.

    Ils ont par la suite étudié en détail les 35.000 coupes obtenues avant de parvenir à l'hypothèse présentée lundi. « Quand l'ampleur des multiples blessures de Lucy nous est apparue, je l'ai visualisée et j'ai eu un élan de compassion à travers le temps et l'espace », dit John Kappelman. « Lucy n'était plus une boîte d'ossements, elle devenait dans la mort une vraie personne: un petit corps brisé reposant sans défense au pied d'un arbre. » 

     

     35000 clichés étudiés

     

    Travaillant à partir de 35.000 clichés produits par le scanner, les chercheurs ont pu étudier les structures internes de l'os supérieur des deux bras, l'humérus, ainsi que le fémur de la jambe gauche. « Le squelette répond aux différentes forces qu'il subit durant le cours d'une vie, accroissant ou réduisant la densité osseuse, un phénomène qui est bien établi », explique John Kappelman, professeur d'anthropologie à l'université du Texas, un des principaux auteurs de cette étude.

    Ces scientifiques ont fait des comparaisons avec des squelettes de chimpanzés et d'humains. « Nos résultats montrent que les membres supérieurs des chimpanzés sont plus solidement bâtis du fait qu'ils utilisent leurs bras pour grimper. Ce phénomène est inversé chez les humains, qui passent le plus clair de leur temps à marcher et disposent de ce fait de membres inférieurs plus développés », précise Christophe Ruff, professeur d'anatomie à l'Université Johns Hopkins, autre co-auteur.

     

    Muscles très puissants

     

    D'autres comparaisons morphologiques suggèrent que même quand Lucy marchait sur ses deux jambes, elle devait le faire moins efficacement que les hommes modernes, limitant ses capacités à se déplacer au sol sur de longues distances.

    En outre, tous les os de ses membres étaient très forts par rapport à sa taille, ce qui indique qu'elle devait avoir des muscles très puissants, davantage comme les chimpanzés d'aujourd'hui que comme les humains modernes. Longtemps considérée comme « la mère de l'humanité » Lucy fut détrônée de ce statut en 1994 à la suite de la découverte d’Ardi, également en Ethiopie, un Ardipithecus ramidus de sexe féminin qui vécue il y a 4,5 millions d'années, le plus ancien fossile d'hominidé de la branche humaine connu à ce jour. 

    Article paru dans Ouest-France


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