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Par atao feal le 14 Mai 2016 à 17:36
En octobre 1895, un accident spectaculaire coûtait la vie à une marchande journaux et causait de gros dégâts à la façade de la gare. Le Figaro relate un chantier hors normes.
Un accident comme il en arrive peu et dont le bilan aurait pu être bien plus lourd. Dans son édition du 24 octobre 1895, Le Figaro relate la spectaculaire course folle d’une locomotive et de son tender (le second wagon destiné au transport de charbon alimentant l’engin) qui traversent la façade de la gare de l’Ouest après un problème de freinage.
La locomotive du train n° 56 qui, après avoir passé à travers la muraille de la gare Montparnasse, est venue tomber sur la place de Rennes, est toujours dans la même position, écrit le quotidien sous la plume de Georges Grison. On peut juger de cette position par le dessin très exact que nous en donnons. Évidemment, toute l’interrogation du moment porte sur les circonstances de l’accident. Outre que le relèvement et l’enlèvement nécessiteront un travail considérable, le parquet ne veut pas qu’on touche à cette machine avant l’examen complet et contradictoire des ingénieurs. Pour cet examen, des ouvriers sont occupés à construire un léger échafaudage qui permettra aux ingénieurs du contrôle d’examiner en détail la machinerie et les robinets.
Au cœur des débats : le fonctionnement du « frein Westinghouse à air comprimé ». Ce mécanisme réputé très fiable n’a pas pu être mis en œuvre correctement par le mécanicien lors de l'accident. Particulièrement spectaculaire, l’accident a attiré l’attention de la presse internationale, mais aussi des badauds. « En attendant, pour ne pas gêner les ouvriers dans leur travail, autant que pour éviter des accidents ultérieurs, l’approche de la façade de la gare continue à être interdite au public », écrit encore Le Figaro.
Déblaiement toute la nuit
Dès le lendemain, le journal fait le point sur le chantier. « Les travaux de déblaiement et de relevage ont continué toute la nuit et une partie de la journée d’hier, à la gare Montparnasse, écrit le quotidien. Nous avons décrit les précautions prises pour éviter toute secousse lors de la descente de la locomotive et du tender qui est au-dessus. Ceci établi, on a déblayé en dedans: hier matin, à neuf heures, une locomotive a été attelée au wagon-poste et l’a retiré des deux ornières creusées par les roues de la locomotive dans l’asphalte du trottoir le wagon a été reconduit au dépôt. La même opération s’est renouvelée pour le second fourgon qui a pu également reprendre les rails et être remorqué jusqu’au dehors de la gare ».
Il s’agit également de refaire la voirie touchée. « On était, hier soir, en train d’enlever les pavés et les rails de la chaussée sur une largeur de trois mètres. L’avant de la machine étant enfoncé d’environ quatre-vingts centimètres, il faut creuser une tranchée pour le dégager. On la laissera ensuite glisser doucement sur le lit de madriers ».
Mais si cet accident a finalement causé peu de victimes, il a tout même conduit au décès d’une commerçante de la gare. « On a procédé hier soir aux obsèques de la malheureuse marchande de journaux victime de l’accident, précise Le Figaro. Bien qu’elle ne fût pas légitimement mariée avec M. Aguélard, la Compagnie de l’Ouest a fait remettre à celui-ci un secours de 300 francs. Quant aux deux enfants, elle se charge de leur avenir, soit en leur assurant une pension, soit en les plaçant dans un orphelinat de l’administration ».
Article paru dans Le Figaro
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