• La cathédrale de Strasbourg

    Le millénaire de ses premières fondations est l'occasion de revenir sur les récits fantasmagoriques au sujet de cet édifice. Ceux-ci témoignent de l'imagination fertile des Alsaciens.

    Avant d'être ce bijou gothique flamboyant, la cathédrale de Strasbourg – deuxième plus haute de France (142 mètres) après celle de Rouen (151 mètres) et la plus visitée après Notre-Dame de Paris – a été un édifice de style préroman, bâti dès l'an 1015, mais détruite en 1176 dans un incendie. Le chantier, qui reprit à cette date et sur les fondations durera près de trois cent ans. Cette superbe prouesse architecturale a vu naître bien des croyances populaires, qui prennent aujourd'hui un tour folklorique.

    Un lac souterrain maléfique

    D'anciens récits évoquent l'existence d'un lac sous la cathédrale. Il se dit qu'à minuit le badaud qui approche de l'édifice entend des bruits de flots. L'accès à ce lac se trouverait dans la cave d'une maison voisine. En des temps lointains, quelques courageux cherchèrent à s'engager dans ce passage, mais rebroussèrent chemin, épouvantés par des bruits effrayants. Bien plus tard, deux compagnons, convaincus d'y trouver un trésor, entreprirent à nouveau l'exploration. Ce qu'ils virent fonda la légende : un lac où glissaient des barques conduites par des êtres fantomatiques...

    Une source fertile

    L'enceinte de la cathédrale aurait autrefois abrité un puits, dont les réserves étaient alimentées par le fameux lac. Assurant la garde de ce bassin, un nain voguant sur une barque en argent pêchait à l'aide d'un filet à mailles d'or les âmes des bébés, puis les livrait à une cigogne. L'oiseau avait ensuite la charge de déposer les nourrissons dans les berceaux préparés par les époux en mal d'enfant.

    Le vent du diable

    Depuis toujours, un vent fort souffle sur le parvis. La superstition a tôt fait de s'emparer de ce phénomène météorologique : un jour que le diable chevauchait le vent, il remarqua sur le portail une statue le représentant sous les traits d'un beau jeune homme. Flatté, il entra dans l'édifice pour y chercher d'autres œuvres à son image. Mais il fut à jamais emprisonné dans ses murs... Le vent qui souffle d'impatience à l'extérieur attendrait tout simplement son sulfureux cavalier. Lequel se vengerait en insufflant un méchant courant d'air au fond de l'édifice.

    L'inconnu de la balustrade

    Haut de 18 mètres et sculpté de 12 statues, le pilier des Anges a aussi sa légende : au fond de la cathédrale, l'effigie sculptée d'un homme accoudé à une balustrade le regarde. On dit qu'il s'agit d'un passant venu observer l'avancée des travaux au XIIIème siècle et qui argua que le pilier n'allait pas supporter le poids de la voûte. Piqué au vif, le maître d'œuvre décida de se venger : il l'immortalisa dans la pierre pour obliger sa statue à contempler le pilier jusqu'à la fin des temps.

    L'énigme du rayon vert

    Lors des équinoxes de printemps et d'automne, un rayon de soleil frappe le pied du patriarche Juda sur un vitrail et illumine un représentation du Christ du XVème siècle. Ce n'est qu'en 1972, en nettoyant le vitrail, que le phénomène a été remarqué. Si les plus férus d'ésotérisme y voient un événement surnaturel, d'autres estiment qu'il s'agit d'un acte délibéré des auteurs. Car le personnage de Juda pointe du doigt son pied gauche peint en vert. Quoi qu'il en soit, la foule est toujours rassemblée à ces dates pour assister à ce moment insolite empreint de magie.

    L'horloger emmuré

    Un fameux récit concerne l'horloge astronomique, connue pour son défilé d'automates : il a trait à l'un de ses créateurs, Isaac Habrecht. L'évêque lui aurait fait crever les yeux pour qu'il ne puisse plus produire une œuvre semblable. L'infortuné se serait vengé en détruisant le mécanisme de sa machine. Une variante de cette histoire en rajoute une sordide : l'horloger aveugle aurait été emmuré vivant dans le mur situé en face de sa création.


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  •  Lucrèce Borgia (Lucrezia Borgia)

    Lucrèce Borgia

    Lucrèce Borgia peinte par Bartolomeo Veneto

     

    Elle a vécu dans l'ombre de son père, son frère, ses maris... À travers eux, se dévoile le visage d'une érudite.

    Oubliez le mythe d'intrigante et de débauchée... Cette représentation de Lucrèce Borgia, née à Subiaco (Italie) le 18 avril 1480 et décédée à Ferrare (Italie) le 24 juin 1519, a été forgée par ses ennemis de sa famille et entretenue par la littérature.

    Voici un portrait plus réaliste, à travers les hommes qui ont forgé son destin *.

    Son père

    Né dans une famille noble espagnole, Rodrigo de Borja (Borgia en italien) devient cardinal, tout en ayant des liaisons et des enfants. Élu pape en 1492, il prend le nom de Alexandre IV. Le pontife adore sa fille Lucrèce, mais il l'instrumentalise dans ses alliances politiques en la mariant à des aristocrates italiens. L'homme d'État souhaite bâtir une dynastie. « Alexandre IV a continué et développé la coutume inaugurée par Innocent VIII de marier sa descendance féminine. C'est pourquoi le clergé tout entier s'applique à la procréation », assura un chroniqueur de l'époque, Stefano Infessura. Son décès en 1503 sonne le glas de la toute-puissance des Borgia. Mais Lucrèce peut enfin savourer le goût de la liberté !

    Son frère

    César est l'un des quatre enfants de Rodrigo et de sa maîtresse, Vannozza Cattanei. Nommé cardinal, l'ambitieux, qui inspira Machiavel pour écrire Le Prince, dirige l'armée pontificale à la mort de son frère Giovanni... « Il inspirait la terreur à une grande partie de l'Italie, car on savait que son avidité n'avait ni bornes ni freins d'aucune sorte », relatait l'historien de l'époque Francesco Guicciardini. Marié à Charlotte d'Albret, César reste proche de Lucrèce, qui le craint. Suspectés d'inceste, le frère et la sœur auraient en fait regardés des orgies ensemble sans y participer. Certains prétendent que César était amoureux de Lucrèce, dont il a fait tuer des amants et un mari, Alphonse d'Aragon. Mais le mystère demeure...

    Ses maris et amants

    La bella ragazza eut trois époux. Le premier, Giovanni Sforza (d'une grande famille de Milan), l'épouse en 1493, mais, se sentant menacé de mort, sera contraint de fuir Rome... Un an plus tard, Alphonse d'Aragon (fils naturel du roi de Naples) lui passe la bague au doigt. Tous deux sont amoureux, mais le jeune homme meurt étranglé par un serviteur de César Borgia, en 1500. Dévastée , la belle est pourtant unie quelques mois plus tard à Alphonse Ier d'Este (futur duc de Ferrare).Mais la jeune femme a aussi entretenu des relations extraconjugales, dont certaines passionnées, comme avec Pietro Bembo, un jeune lettré brillant. Amore, amore...

    Ses artistes

    Amatrice d'arts et esprit éclairé de son temps, Lucrèce s'entoure d'humanistes, de sculpteurs, de peintres... Ainsi, Érasme lui donne des conseils ; Titien réalise pour elle plusieurs œuvres ; et le poète l'Aristote écrit à son propos ; « Que dirais-je de Lucrèce Borgia ? Ses attraits, sa vertu, sa fortune s'accroîtront de jour en jour. J'admire sa beauté sans pareille, son extrême prudence ; elle surpasse toute perfection. » Une belle ode à sa muse et mécène, qui s'éteindra en couches à l'âge de 39 ans.

    * Voir l'exposition Les Borgia et leur temps au musée Maillol, à Paris, jusqu'au 15 février.

    www.museemaillol.com

     


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  • Solar Impulse 2, prêt pour son tour du monde

    L'avion solaire va rejoindre Abu Dhabi, point de départ et d'arrivée d'un périple de cinq mois autour du globe. Pour qu'il puisse accomplir cet exploit, ses concepteurs ont dû rivaliser d'imagination.

    Le premier avion conçu pour faire le tour du monde sans carburant vient d'achever ses essais et s'apprête à rejoindre la capitales des États arabes unis. Solar Impulse 2 y décollera au printemps 2015 pour un périple de 35000 kilomètre, en cinq , dont la plus longue, étape au-dessus du Pacifique, durera cinq jours. Les pilotes suisses Bertrand Piccard et André Borschberg se relaieront aux commandes, dans une cabine où les températures pourront varier de + 40 à - 40°C ! Une combinaison intelligente en fibre de Nylon leur permettra de réguler leur chaleur corporelle. Cet engin solaire révolutionnaire est le fruit de douze années de travail acharné mené par 80 ingénieurs et techniciens.

    Plus de 17000 cellules solaires sur le fuselage

    Des cellules ultra-fines (135 microns d'épaisseur) tapissent les parties supérieures des ailes de l'avion, de son fuselage et de son stabilisateur horizontal. Elles sont encapsulées dans un film transparent afin de résister aux pires intempéries. Durant la journée, elles fournissent suffisamment d'électricité pour propulser le Solar Impulse et charger les quatre batteries au lithium polymère, de 158 kg chacune, qui servent à l'alimenter pendant la nuit.

    Une redoutable efficacité énergétique

    Les quatre moteurs tournent à seulement 17,5 CV chacun (l'équivalent d'un petit scooter) , mais le Solar Impulse 2 est si léger qu'ils parviennent à le faire grimper jusqu'à 8500 m d'altitude à une vitesse maximale de 140 km/h. De plus, alors qu'un moteur d'avion classique ne peut fonctionner sans discontinuer de plus de treize heures, ceux de Solar tiennent cinq jours.

    Des ailes légères en fibre de carbone

    L'appareil est doté d'ailes de 72 m d'envergure (plus amples que celle d'un Boeing 747) afin d'offrir assez de surface aux cellules solaires. Pourtant, il ne pèse que 2300 kg, le poids d'un petit utilitaire. La structure des ailes est constituée de feuilles de carbone ultra-résistantes et d'une légèreté jamais vue : elles pèsent trois moins qu'une feuille de papier.

    Une cabine bourrée d'électronique

    Seul dans sa cabine de 3,8 m3, le pilote peut compter sur l'aide de l'ordinateur de bord, qui fait office de copilote. Ce dernier fait vibrer le manche en cas de problème et alerte aussitôt l'équipe au sol. Tous les appareils électroniques sont dupliqués pour parer les pannes éventuelles. Le pilote dispose aussi d'un siège modulable pouvant servir de lit et de toilettes. Un parachute et un canot de sauvetage sont intégrer dans le dossier.


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  • Qui était le vrai d'Artagnan ?

    Moins connu que le héros né sous la plume d'Alexandre Dumas, le mousquetaire qui l'a inspiré était tout aussi fascinant.

    Le visage long et brun, la pommette des joues saillante, l'œil ouvert et intelligent, le nez crochu mais finement dessiné : voilà comment en 1844, il a cent soixante-dix ans, Alexandre Dumas trace le portrait de d'Artagnan dans son célèbre roman Les Trois Mousquetaires... On connaît moins la physionomie et les prouesses de d'Artagnan, l'homme dont s'est inspiré l'écrivain. Condamné à vivre dans l'ombre du héros de Dumas, Charles de Batz-Castelmore, comte de d'Artagnan, n'a pas manqué l'Histoire. Et pourtant, l'authentique cadet de Gascogne, qui a vu le jour vers 1613 près de Lupiac (dans l'actuel département du Gers), a connu un destin aussi glorieux que celui de son double de papier.

    Né d'un père d'origine roturière ayant hérité du domaine de Castelmore et de Françoise de Montesquiou, de la maison seigneuriale d'Artagnan, Charles est le dernier d'une fratrie de sept enfants. Lorsque l'adolescent monte à Paris, il emprunte le nom de sa mère, dont la famille est mieux introduite à la cour. En 1633, à 20 ans, à peine, il rejoint la garde des mousquetaires, aussi réputée pour son ardeur au combat que pour les duels clandestins l'opposant aux gardes du cardinal de Richelieu. Il s'y illustre jusqu'à sa dissolution en 1646. Fidèle à la monarchie durant la Fronde, d'Artagnan sert Mazarin avec loyauté, s'acquittant avec diligence de mission délicates. Son dévouement lui permet de récupérer la charge convoitée de capitaine de la Volière royale, titre honorifique lui offrant toutefois la jouissance d'un magnifique logement aux Tuileries. En 1657, Louis XIV rétablit l'Ordre des mousquetaires, dont d'Artagnan assure alors le commandement. Il connaît une irrésistible ascension auprès du Roi-Soleil qui lui accorde sa confiance et son amitié au point que le monarque devient quelques années plus tard le parrain de l'un des deux fils de d'Artagnan.

    En 1661, Louis XIV lui confie la mission d'arrêter le surintendant des finances Nicolas Fouquet. Respectueux de son souverain, d'Artagnan n'en oublie pas pour autant le rang de son prisonnier, qu'il traite avec respect. Il est de toutes les campagnes et est finalement nommé gouverneur général de la place de Lille, position habituellement occupée par les membres de la haute noblesse. En 1673, le sexagénaire est appelé en renfort au siège de Maastrich. Il y périt dans un dernier acte de bravoure en tentant de secourir des officiers.Louis XIV fait célébrer une messe et confie à la reine : « J'ai perdu d'Artagnan en qui j'avais la plus grande confiance et m'était bon à tout ».

    La gloire du valeureux mousquetaire disparaît avec lui jusqu'à ce que Alexandre Dumas le sorte de l'anonymat au XIXème siècle. Ainsi naît la légende des Trois Mousquetaires. E réalité, d'Artagnan n'a jamais croisé Athos, Porthos et Aramis, qui eux aussi ont existé.

    Quelle est la devise des Mousquetaires

    Popularisée par les Trois Mousquetaires, « Un pour tous, tous pour un » est aussi la devise de la Suisse. Mais c'est surtout une citation apocryphe, c'est-à-dire qu'elle apparaît différemment dans le roman. Le mot d'ordre des héros est en fait « Tous pour un, un pour tous ».

     


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  • Histoire à Rennes. Des images inédites du second procès Dreyfus

     

     Ces plaques ont été découvertes dans les archives de la Société photographique de Rennes. Gaston Maury/Societé photographique de Rennes

    Les photos inédites du second procès Dreyfus, qui se déroula à Rennes en 1899, ont été retrouvées dans les archives de la Société photographique de Rennes.

    C’est un témoignage précieux pour le travail des historiens. La Société photographique de Rennes a retrouvé, en fouillant dans ses archives, un important fonds de photos sous forme de plaques de verres prises entre 1897 et 1940.

     

    Quatorze plaques de verre

    Parmi ce trésor, quatorze plaques concernent le second procès Dreyfus qui a eu lieu au cours de l’été 1899, au lycée de l’avenue de la Gare (aujourd’hui lycée Zola, avenue Janvier).

     

    Photographe amateur

    Ces photos ont été vraisemblablement prises par Gaston Maury, un fabricant de brosses passionné par l’art photographique. Les quatorze clichés montrent les abords du procès Dreyfus : les forces de l’ordre à cheval qui ferment l’avenue de la Gare; des scènes de discussions entre journalistes, dans la cour du lycée, pendant des suspensions de séances.

     

    Les coulisses du procès

    « Ces photos sont vraiment inédites », confirme Laurence Prodhomme, conservatrice au Musée de Bretagne. Des images intéressantes sur le plan documentaire, elles montrent les coulisses d’un procès très médiatique, à l’époque où l'affaire Dreyfus divisa l'opinion publique en France.

    Article paru dans Ouest France

     


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