•  José Aboulker

    Automne 1940. La France a signé l'armistice et une politique de collaboration se dessine. Rares sont ceux, en Algérie, qui songent à contester le pouvoir du maréchal Pétain et de son délégué général en Afrique, le général Weigand, à l'exception de petits groupes de jeunes gens, juifs pour la plupart. Parmi eux, le « groupes des guides » dirigé par Jean Daniel Bensaïd (futur Jean Daniel) ou encore celui des jeunes royalistes sous la direction du capitaine Pilafort, ou encore celui de José Aboulker, étudiant à la faculté de médecine. On teint conseil dans les cafés, chez soi, à la plage. On songe bien, par provocations, à crever quelques tonneaux de vins entreposés sur les quais et destinés aux allemands, en signe de protestation, mais on préfère attendre. Dès janvier 1941, une idée, folle pour l'époque, germe dans la tête de José Aboulker, alors âgé de 21 ans : une jour ou l'autre, les États-Unis entreront en guerre, et, aux côtés des Anglais et des Français réarmés, ils libéreront l'Europe. L'Afrique du Nord sera le point de départ de cette reconquête. « Les Américains viendront, ne cesse-t-il de répéter. L'armée de Vichy les combattra. Nous les aiderons ».

    À l'écart de cette jeunesse ardente, quelques militaires ont dit « non » : le colonel Jousse, commandant la place d'Ager, le général Béthouard, au Maroc. Des fonctionnaires aussi : Bringard, directeur départemental de la Sûreté, Muscatelli, directeur de la Sécurité au gouvernement. L'homme qui va fédérer ces électrons libres est le chef de la brigade de police d'Alger, Achiary. Ses informateurs sont partout, mettant les uns en contact avec les autres. Le projet prend corps. José Aboulker devient « l'animateur » de la force dite des Quatre cents qui regroupe les anciens groupuscules indépendants. Grâce aux renseignements et aux directives du colonel Jousse, cette force devient pleinement opérationnelle dans la nuit du 7 au 8 novembre 1942. Il s'agit de neutraliser la défense vichyste en prenant le contrôle de la poste centrale, du palais d'été, résidence du gouverneur général, de la villa du général Juin, commandant en chef de l'armée de Vichy, de la préfecture, de la radio et du commissariat central. Si l'opération échoue, tous les résistants seront fusillés.

    Informés, les Américains ne peuvent qu'approuver l'opération. Weigand en qui ils avaient placé leurs espoirs, s'est dérobé et Robert Murray, promet des armes qui ne viendront jamais. Il fournira toutefois 5000 litres d'essence qui permettront aux 400 patriotes armés d'antiques Lebel de se déployer dans Alger au moment crucial, grâce aux camions fournis par une garagiste gagné à la cause.

    En janvier 1942, une nouvelle résistance entre en lice. Venue de la droite et l'extrême droite, elles est formée d'un groupe au sein duquel Henri d’Aster de la Viguerie se distingue par son charisme et ses informations de militaire éclairé. À ses côtés, l'industriel Homme-grenouille, Jean Rigaud et le lieutenant-colonel Van Hecke. Ce sont ces nouveaux venus qui, en avril 1942, placent le général Géraud, fraîchement évadé de la forteresse de Koenisgstein, à la tête de la rébellion avec pour mission de rallier l'armée de Vichy. Choix malheureux car excellent militaire, Giraud est un piètre politique.

    Le coup de force d'Alger sera mené sans coup férir, épargnant aux Américains les combats qui ont eu lieu à Oran et à Casablanca, et c'est avec humour que José Aboulker nous conte dans son livre la stupéfaction des hauts dignitaires de Vichy neutralisées par de jeunes blancs-becs. Là s'arrête le récit de José Aboulker décédé en 2009. Le livre se termine par une postface de Jean-Louis Crémieux-Brilhac qui retrace l'intermède Darlan, les tentatives de Giraud et de son entourage pour perpétuer le régime de Vichy. Ainsi que le sinistre épisode de la chasse aux patriotes qui, après avoir aidé au débarquement, militent désormais en faveur de De Gaulle. Arrêté en décembre 1942 sur ordre de Giraud, José Aboulker est libéré en mars 1943, sur une intervention américaine. Il rejoint Londres en mai et est parachuté en France occupée où il va jouer un rôle important dans l'organisation sanitaire de la Résistance. En novembre 1944, il est fait Compagnon de la Libération, et, plus tard, commandeur de la Légion d'honneur. Une fois la guerre terminé, il retourne à ses études de médecine.

    Article paru dans « Les Chemins de la Mémoire »


    votre commentaire
  • Germaine Tillion

    Grande figure de la Résistance française, ethnologue et écrivain, Germaine Tillion a tiré de son expérience pendant la Seconde Guerre mondiale des leçons qui lui ont servi tout au long de sa vie. Elle a su conjuguer, en toutes circonstances, témoignage, réflexion et action.

    Germaine Tillion est née le 30 mai 1907 à Allègre, en Haute-Loire. En 1919, la famille déménage dans la Région parisienne. Au cours des années vingt, elle entreprend des études d'ethnologie et obtient, en 1933, une bourse pour aller étudier la population berbère dans les Aurès algériens. Entre 1934 et 1940, elle accomplit quatre longs séjours chez les Chaoulas et poursuit la rédaction de sa thèse. De retour en France, le 9 juin 1940, elle décide, après l'Armistice, qu' « il faut faire quelque chose ». En compagnie de Paul Hauet, colonel à la retraite, elle commence son activité de résistance sous couvert d'une association d'aide aux prisonniers de guerre, l'Union nationale des combattants coloniaux. Cette cellule entre en contact avec des groupes analogues, comme celui du musée de l'Homme, réunissant quelques ethnologues, avec à sa tête Boris Vildé. C'est en 1946, quand Germaine Tillion s'occupera de l'homologation administrative du réseau, qu'elle lui donnera le nom de « réseau du musée de l'Homme », en hommage à une bonne partie de ses fondateurs. Le groupe se livre à des actions multiples : collecter des informations pour les transmettre à Londres, accueillir les soldats évadés ou organiser des évasions, héberger des parachutistes anglais, fabriquer des faux-papiers, diffuser des appels au combat, liquider les traîtres et des agents de la Gestapo. Bien que patriote dévouée, Germaine Tillion n'oublie pas le principe directeur dont elle se réclame : le dévouement à la vérité et à la justice. Dans un tract destiné à la presse clandestine, elle constate que de nombreuses informations concernant la situation du mouvement circulent dans la société française mais sont contradictoires car elles proviennent de différentes sources. Elle enjoint à ses camarades résistants de ne pas biaiser avec la vérité, de ne rien cacher, de s'efforcer de comprendre et de juger impartialement. « Sur le plan des idées, nous ne connaissons d'emblée qu'une cause qui nous est chère, celle de notre patrie, c'est par amour pour elle que nous nous sommes groupés, c'est pour essayer de maintenir sa foi et son espérance. Mais nous ne voulons pas, nous ne voulons absolument pas lui sacrifier la vérité, car notre patrie ne nous est chère qu'à la condition de ne pas devoir lui sacrifier la vérité ».

    Une première dénonciation entraîne l'arrestation de plusieurs membres de la cellule du musée de l'Homme : en avril 1941, une seconde trahison provoque celle de ses autres membres. Leur procès se tiendra un an plus tard, en février 1942. Dix personnes, dont plusieurs proches amis, sont condamnées à mort. Germaine Tillon, qui a échappé à ces arrestations, se démène pour obtenir leur grâce mais en vain : les sept hommes du groupe sont fusillés, les trois femmes partent en déportation. Elle-même est arrêtée dans la rue, en août 1942, par la police allemande : elle a été trahie, à son tour, par un prêtre français qui se faisait passer pour résistant. Détenue pendant plus d'un an dans les prisons françaises, à la Santé et à Fresnes, elle est déportée au camp de Ravensbrück, en octobre 1943. Elle en sortira en avril 1945. Après son retour en France, elle se consacre essentiellement à l'histoire de la résistance et de la Déportation, sur lesquelles, elle publie plusieurs études. Cependant, elle n'abandonne pas son engagement civique et participe à la campagne contre les camps, toujours en activité, dans les pays communistes en Europe et en Asie.

    En 1954, elle est envoyée par le gouvernement français en mission d'observation en Algérie, où l'on assiste au premier pas de l'insurrection. Au début, elle propose de renforcer l'enseignement délivré à la population indigène (garçons et filles, enfants et adultes) pour lui permettre de sortir de la misère que le développement économique n'a pas réussi à endiguer. Le confit s'intensifiant, à partir de 1957, Germaine Tillion se consacre exclusivement à atténuer les effets de la violence : elle milite contre la torture, les exécutions et rencontre les dirigeants du FLN pour les convaincre d'interrompre les attentats aveugles. Élue directeur d'études à l'École pratique des hautes études en 1958, elle consacre les décennies suivantes à l'étude des sociétés d'Afrique du Nord. Elle publie également une édition refondue de Ravensbrück, son livre sur la Déportation. Elle décède le 19 avril 2008 à l'âge de 100 ans. Son ouvrage autobiographique, Fragments de vie, est paru en 2009.

    Article tiré de « Les Chemins de la Mémoire »


    votre commentaire
  • Berty Albrecht

    Résistante de la première heure et activiste du mouvement Combat, Berty Albrecht s'est donné la mort le 31 mai 1943 à la prison de Fresnes, après avoir été arrêtée par la Gestapo.

    Le 29 octobre 1945, en fin d'après-midi, salle des drapeaux du musée de l'Armée aux Invalides, l'instant est solennel : sous la présidence d'Henri Frenay, ministre des prisonniers, déportés et réfugiés, a eu lieu le tirage au sort des héros dont les dépouilles reposeront au Mont Valérien : « Est-ce un hasard ou la volonté de la providence qui a fait sortir des urnes le nom de Berty Brecht ? Je ne crois pas au hasard. Qui mieux que ma chère et vieille amie pouvait représenter les femmes françaises de la Résistance ? ». Cet aveu à demi-mot en dit long sur l'attachement de Frenay, chef du mouvement Combat, à sa compagne de cœur et de lutte :  « Elle a tout donné à la France, son confort, sa liberté, sa famille, et maintenant sa vie » ; et d'ajouter  « Je ne l'ai pas vue mourir mais je sais qu'elle est morte bravement, je sais qu'elle n'aura pas faibli et qu'elle aura souri par dessus les gueules hideuses des fusils allemands ». Deux mois après l'arrestation de Berty Brecht, Aragon, bouleversé, lui rend hommage dans un émouvant poème : « Une Française décapitée à la hache ». La légende de sa mort est née. 

    Qui est cette résistante de la première heure? Rien ne dispose Berthe Wild, née le 15 février 1893 à Marseille, dans une famille de la grande bourgeoisie protestante, à s'engager dans la destinée héroïque. C'est une femme qui refuse le statut que lui impose son époque. Mariée à un riche banquier de la City de Londres, Frédéric Albrecht, elle mène une vie luxueuse. À l’étroit, elle préfère aux dîners de la haute société londonienne respirer l'air de l'émancipation du côté des féministes anglaises qui militent pour l'égalité des sexes, la contraception et l'avortement. Aussi les Albrecht ne tardent-ils pas à se séparer. En 1931, Berty s'installe avec ses deux enfants à Paris, où elle fréquente les intellectuels et les artistes proche du Parti Communiste. Militante infatigable, elle crée, en novembre 1933, une revue ayant pour titre Le Problème sexuel dans laquelle elle défend le droit des femmes et préconise le contrôle des naissances. C'est pour être plus proche des travailleuses qu'elle devient surintendante d'usine, dévouée au bien-être des ouvrières. Une avant-gardiste. 1934 est l'année de son coup de foudre pour un jeune saint-cyrien, Henri Frenay, qu'elle rencontre chez des amis. Tout les sépare : il a douze ans de moins qu'elle et provient de la petite bourgeoisie catholique, alors qu'elle s'affiche comme une sympathisante de gauche, résolument pacifiste, et protestante. Mais tous les deux s'inquiètent de la montée du nazisme.

    Après l'armistice, à l'automne 1940, elle est persuadée qu'il faut agir sans tarder. D'abord en aidant le sprisonniers évadés à franchir la ligne de démarcation, à Vierzon où elle travaille aux usines Fulmen. Ensuite en dactylographiant, début 1941, les premiers bulletins de propagande du Mouvement de libération nationale (MLN), fondé par Henri Frenay. Elle trouve le premier imprimeur qui accepte de tirer le journal Les Petites Ailes à 2000 ou 3000 exemplaires, puis le journal Vérités, à partir de septembre 1941. Enfin naît Combat sous l'impulsion de celui qu'elle aime, Henri Frenay. Elle entreprend de créer au sein du mouvement un service social pour venir en aide aux camarades du mouvement emprisonnés et à leurs familles. À 48 ans, elle est, pour lui, à la fois le bras droit, son sergent recruteur, sa secrétaire, sa fidèle conseillère, sa complice intellectuelle.

    Arrêtée en avril 1942, Vichy l'interne en mai, à Vals-les-Bains. Transférée à la prison Saint-Joseph à Lyon après une grève de la faim, elle simule la folie et est internée à l'asile de Vinatier, dont elle s'évade, le 23 décembre 1942, grâce à un coup de main d'un commando de Combat et l'aide de sa fille Mireille. Épuisée, mais toujours aussi déterminée, elle se réfugie chez les parents de Danielle Gouze, futur Danielle Miterrand, à Cluny, en Bourgogne. On lui propose de rejoindre Londres. Elle refuse. Le rendez-vous de Macon du 28 mai 1943 est le rendez-vous de trop. La Guestapo l'attend. Direction fort de Montluc à Lyon, puis Fresnes où elle est incarcerée le 31 mai à 0h15. Elle se la mort par pendaison cette nuit-là.

    Si de Gaulle, alors qu'il la savait d'un autre « camp » la fait Compagnon de la Libération, médaille militaire, Croix de guerre avec palme, médaille de la Résistance avec rosette, c'est parce qu'il en avait compris la valeur et la grandeur. Berty Albrecht est inhumée dans la crypte du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien.

    Article tiré de « Les Chemins de la Mémoire »


    votre commentaire
  • Mort de l'ancien président Sud-Africain

     

    Nelson Mandela

     

    Nelson Mandela 

    Nelson Mandela, héros la lutte contre le régime raciste d'apartheid et premier président noir de l'Afrique du Sud démocratique, est mort ce jeudi à l'âge de 95 ans. C'est ce qu'a annoncé le chef de l'Etat Jacob Zuma à la télévision.

    "L'ex-président Nelson Mandela nous a quittés (...) il est maintenant en paix. La Nation a perdu son fils le plus illustre", a déclaré le président Zuma lors d'une intervention en direct.

    "Nous t'aimerons toujours Madiba"

    "Il s'est éteint en paix (...). Notre peuple perd un père", a-t-il ajouté avant d'annoncer que les drapeaux seraient mis en berne à partir de vendredi et jusqu'aux funérailles d'Etat dont il n'a pas annoncé la date.

    "Exprimons la profonde gratitude pour une vie vécue au service des gens de ce pays et de la cause de l'humanité", a-t-il enchaîné. "C'est un moment de profond chagrin (...) Nous t'aimerons toujours Madiba".

    "Comportons nous avec la dignité et le respect que Madiba personnifiait", a ajouté Jacob Zuma, qui a utilisé le nom de clan du héros de la lutte contre l'apartheid, un nom utilisé familièrement par tous les Sud-Africains pour désigner leur idole.

    Obama salue un homme "courageux"

    "Une grande lumière s'est éteinte", a réagi le Premier ministre britannique David Cameron.Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, a rendu un hommage appuyé à Mandela, saluant un homme "courageux, profondément bon".

    "Grâce à sa farouche dignité et à sa volonté inébranlable de sacrifier sa propre liberté pour la liberté des autres, il a transformé l'Afrique du Sud et nous a tous émus", a déclaré Barack Obama depuis la Maison Blanche.

    Un véritable culte

    Nelson Mandela, qui a fêté ses 95 ans le 18 juillet, avait été hospitalisé quatre fois depuis décembre, à chaque fois pour des récidives d'infections pulmonaires.

    Ces problèmes récurrents étaient probablement liées aux séquelles d'une tuberculose contractée pendant son séjour sur l'île-prison de Robben Island, au large du Cap, où il a passé dix-huit de ses vingt-sept années de détention dans les geôles du régime raciste de l'apartheid.

    Absent de la scène politique depuis plusieurs années déjà, Madiba faisait l'objet d'un véritable culte qui dépassait largement les frontières de son pays.

    "Icône mondiale de la réconciliation"

    Tour à tour militant anti-apartheid obstiné, prisonnier politique le plus célèbre du monde et premier président noir de l'Afrique du Sud, il avait été qualifié par l'archevêque Desmond Tutu, autre prix Nobel de la paix pour son engagement contre le régime sud-africain, d'"icône mondiale de la réconciliation".

    Mandela restera dans l'histoire pour avoir négocié pied à pied avec le gouvernement de l'apartheid une transition pacifique vers une démocratie multiraciale.

    Et pour avoir épargné à son peuple une guerre civile raciale qui, au début des années 1990, paraissant difficilement évitable. Ce qui lui vaudra le prix Nobel de la paix en 1993, partagé avec le dernier président de l'apartheid, Frederik De Klerk.

    Il avait appris à comprendre ses adversaires

    Mandela a passé plus de vingt-sept ans en prison, de 1964 à 1990, devenant peu à peu devenu le symbole de l'oppression des Noirs sud-africains, tandis que le monde entier manifestait et organisait des concerts pour sa libération.

    Mais avant même d'être libéré, il avait appris à comprendre ses adversaires - allant jusqu'à apprendre leur langue, l'afrikaans, et leur poésie -, à pardonner, et à travailler avec eux. Une fois libéré, ils les a séduits par sa gentillesse, son élégance et son charisme.

    Sous les couleurs du Congrès national africain (ANC), Mandela a été le premier président de consensus de la nouvelle "nation arc-en-ciel", de 1994 à 1999. 


    votre commentaire
  • Les long fleuve pas très tranquille

     Les femmes et le droit de vote

    Aujourd'hui, de plus en plus de femmes occupent les premières places au sein de nos institutions. Mais ce n'est qu'au prix d'une longue marche semée d'embûches qu'elles atteindront un jour prochain la parité promise.

    Le 21 avril 1944, le Comité Français de Libération Nationale accordait le droit de vote aux femmes en France, ce qui sera confirmé par l'ordonnance du 5 octobre sous le Gouvernement Charles de Gaulle. Ce droit sera utilisé pour la première fois le 29 avril 1945 pour les élections municipale puis en octobre pour les élections à l'Assemblée constituante. A noter que les « femmes du statut civil local » en Algérie française n'obtiendront ce droit que quatorze années plus tard, par décret du 3 juillet 1958.

    Où en sont nos voisins européens à cette époque ? Les femmes des états du Nord (Finlande, Norvège, Danemark, Suède, Pologne) votent déjà depuis longtemps, leurs droits ayant été reconnus, suivant les pays, entre 1906 et 1918. Au Royaume Uni de Grande Bretagne et d'Irlande, à partir de 1918, seules votent les femmes âgées de plus de 30 ans. Leur statut sera aligné en 1928 sur celui des hommes, qui votent dès l'âge de 21 ans. En Allemagne, ce droit sera acquis en 1919. En Espagne, les femmes votent dès 1931 seulement si elles sont diplômées de l'enseignement secondaire.

    La France, en retard sur le droit des femmes

    Ce droit perdu avec le régime franquiste en 1939 et ne sera rétabli que pour les femmes mariées en 1946. L'intégralité du droit de vote ne sera accordée aux femmes qu'avec le retour de al démocratie en 1975.

    En Italie, les femmes voteront à partir de 1945 tandis qu'en Belgique, alors que leur vote est déjà reconnu pour les élections communales dès 1920, leur statut sera harmonisé avec celui des hommes en 1948. Au Portugal, dès 1931, seules les femmes diplômées de l'enseignement secondaire peuvent voter alors que pour les hommes, il leur est simplement demandé de savoir lire et écrire. En 1974, ces dispositions seront annulées et homes et femmes retrouveront les mêmes droits.

    A la lecture de ces données, on remarque que la France n'est pas pionnière en la matière mais nous verrons plus loin que, par le passé, bien des tentatives destinées à leur faire obtenir le droit de vote avaient échoué.

    Dans le monde

    Les trois premiers pays ayant reconnu le droit de vote aux femmes sont :

    - La Suède, entre 1718 et 1771, puis partiellement à partir de 1862 et de façon définitive en 1919.

    - La Nouvelle-Zélande, en 1893 et les femmes seront éligibles en 1919.

    - L'Australie, en 1902 (1894 en Australie-Méridionale et 1903 en Tasmanie).

    Certaines entités territoriales non étatiques les avaient cependant précédés :

    - L’État du New-Jersay, de 1776 à 1807.

    - Le Bas-Canada (le Québec d'aujourd'hui) de 1791 à 1849.

    - Les Îles Pitcairn (Océan Pacifique) en 1838.

    - La province colombienne de Vélez, de 1853 à son intégration dans l'État fédéral de Santander.

    - L’Île de Man, en 1866.

    - Le territoire du Wyoming (États-Unis) en 1869.

    - Le Colorado en 1893.

    - Utah et Idaho en 1896

    En France, avant la Révolution...

    L'éminente historienne Régine Pernoud nous dit dans son livre La Femme au temps des cathédrales que les femmes avaient le droit de vote au Moyen Age et ce droit aurait été supprimé par un décret de 1498. Une autre source citant un édit du parlement de Paris en 1593 souligne que « dans les assemblées urbaines ou les communes rurales, les femmes, lorsqu'elles sont chefs de famille, possèdent le droit de vote ». En 1984, des travaux menés par des Universitaires de Princeton (États de New-Jersey USA) nous disent que « dès les premiers États Généraux convoqués par Philippe Le Bel en 1302, les femmes étaient convoquées ». Elles le furent pour tous les États Généraux suivants jusqu'à ceux de 1789 où les femmes propriétaires de fiefs furent contraintes de se faire représenter par un homme noble ou du clergé.

    pendant la Révolution

    En juillet 1789, suite au discours de l'abbé Seiyès, - l'un des rédacteurs du serment du Jeu de Paume – faisant la distinction entre citoyens « actifs » ou « passifs », les femmes seront classés dans cette seconde catégorie, comme les enfants, les étrangers et ceux ne pouvant s'acquitter d'un cens électoral. Les femmes seront officiellement exclues du droit de vote le 22 décembre 1789, malgré l'appel en leur faveur de Condorcet. Cette exclusion sera maintenue par la Constitution de 1791 puis par un vote de la Convention Nationale du 24 juillet 1793.

    après la Révolution

    En 1873, l'éphémère commune de Paris reconnaît les droits politiques des femmes. En 1903, le 9 décembre, un vote unanime du Parlement rejette l'égalité politique.

    Paul Dussaussoy, député du Pas-de-Calais, dépose en 1906 un projet de loi demandant que les femmes puissent s'exprimer dans les élections aux conseils municipaux, aux conseils d'arrondissements et aux conseils généraux. Le Sénat s'y oppose. Entre 1919 et 1940, à plusieurs reprises, des propositions de loi en faveur du vote des femmes sont votées par les députés mais toujours refusées par le sénat.

    Une anecdote : En 1936, la Chambre des députés vote à l'unanimité pour le suffrage des femmes par 475 voix contre 0. Le texte ne sera jamais inscrit à l'ordre du jour su Sénat. Le Front Populaire nommera cependant trois femmes sous-secrétaires d'état : Suzanne Lacore, Irène Juliot-Curie et Cécile Brunschvicg.

    C'est en 1947 que la première femme est nommée Ministre de la santé publique et de la famille. Il s 'agit de Germaine Poinso-Chapuis.

    En 1989, Catherine Trautmann devient la première femme maire d'une ville de plus de 100000 habitants, Strasbourg.

    Edith Cresson, en 1991, est nommée Premier Ministre. Elle est la seule, à ce jour.

    En 2007, Ségolène Royal devient la première femme à figurer au second tour de l'élection présidentielle.

    Quelques statistiques

    Dans les Conseils généraux, le nombre de femmes est inférieur à 14 %. (les Pyrénées-Orientales font exception avec 19 %, dont la Présidente).

    Au conseil général des Pyrénées-Orientales la première femme élue a été Lucette Pla-Justafré, en 1964

    Dans les Conseils Régionaux, les femmes, en 2010, représentent 48 %

    A l'Assemblée Nationale, 107 femmes ont été élues en 2007, soit 18,54 %. Elles étaient 35 élues lors de la première élection en 1945.

    La première femme député des Pyrénées-Orientales est Renée Soum, élue en 1981.

    Au Sénat, elles sont 75 élues en 2008, soit 21,9 %

    Dans les conseils municipaux et pour l'ensemble des communes de France métropolitaine, le pourcentage des femmes élues est de 34,8 % (32,5 % pour les communes de moins de 3500 habitants, 48,3 % pour les autres communes).


    votre commentaire