• Après des années de travaux, le musée Rodin rouvre ses portes. Entièrement rénové, il offre une vision complète de l’oeuvre d'un géant de la sculpture du XIXème siècle.


    1908, Rodin achète l'hôtel Biron

     

    Le musée Rodin revit à Paris

    Rodin dans son atelier devant le monument à Victor Hugo (plâtre) Photo : Paul Dornac, vers 1898, épreuve de papier albuminé

     

    En 1908, Auguste Rodin est au sommet de sa gloire : son travail virtuose sur le corps humain, si novateur, si radical, lui vaut depuis quelques années de prestigieuses commandes tant publiques que privées. Après des années de vaches maigres, le sculpteur, désormais à la mode, décide de trouver un grand espace à Paris pour présenter ses œuvres à ses clients, amis et mécènes fortunés. Son choix se porte sur l’hôtel Biron, une propriété du XVIIIème siècle à l’abandon, ayant appartenue à une congrégation religieuse. Situé rue de Varenne, l’édifice en pierre de taille, entouré de vastes jardins, sera légué par l’artiste à l’État, en 1911, avec la promesse de le transformer à sa mort en musée.

    Trois années de rénovation

     

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    Lorsque Rodin meurt en 1917 à 77 ans dans sa maison de Meudon, l’État transforme l’hôtel Biron en musée. Il ouvre au public en août 1919. Aujourd’hui, ce lieu aborde une nouvelle jeunesse grâce à un délicat chantier de rénovation mené sous la houlette de sa directrice Catherine Chevillot. Parquets refaits, circulation dans les salles repensée, huisseries décapées, fenêtres restaurées mettent en valeur les sculptures du géant et font souffler sur le lieu l’esprit de Rodin.

     

    Une vue d'ensemble de la vie de Rodin

     

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    Vue du Hall Cantor

     

    Sur deux étages, le public redécouvre le musée Rodin grâce à une mise en scène très sobre – peintures neutres, socles de sculptures discrets. Elle donne toute la place aux six cents œuvres, bronzes, plâtres ou terres cuites, dessins ou photographies au fil d’un parcours chronologique ponctué de quelques haltes thématiques. Une présentation du travail de l’artiste dont le public a enfin une vue d’ensemble. Car Rodin ne se limite pas au « Penseur » et au « Baiser » restaurés pour l’occasion !

     

    Un musée lumineux

     

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    Art et vie privée imbriqués

     

    Le vrai choc de la visite, c’est cette lumière naturelle qui, dans toutes les salles, caresse sans les écraser les formes sculpturales si modernes qui jaillissent des mains puissantes d’Auguste Rodin. Pourtant, jamais aucun reflet sur les marbres ou les bronzes ne gêne le regard ce qui permet d’apprécier la perfection anatomique si révolutionnaire des œuvres – ses détracteurs l’accuseront d’ailleurs d’avoir moulé sur un modèle et non pas sculpté « L’Âge d’airain ». Le visiteur apprécie d’autant mieux le rendu des corps inlassablement travaillés par Rodin. Pour se faire, les dix-huit salles du musée ont été équipées d’un système de gestion des lumières automatisé qui s’adapte à toutes les modifications atmosphériques et à l’intensité de la lumière du jour.

     

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    Si le musée rend hommage au travail acharné que mène Rodin sur la moindre sculpture en exposant ses études sur le geste d’un personnage, sur la matière minérale d’où jaillira le corps, la scénographie nous fait aussi entrer dans la sphère plus intime de l’homme. Une salle recrée l’ambiance de l’hôtel Biron à l’époque de Rodin, tandis qu’une seconde rend hommage au travail de son élève et amante Camille Claudel au modelé si intense. Quatre œuvres majeures de Camille Claudel données par son frère Paul sont exposées (deux versions de « L’âge mûr », « Vertumne et Pomone » et « Clotho »).

     

    Rodin, l'amateur de peinture

     

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    « Paolo et Francesca dans les nuages » et en arrière-plan « Femme nue » d'Auguste Renoir

     

    Auguste Rodin connaît et apprécie l’art de son temps. Ses liens avec ses contemporains et amis impressionnistes sont résumés dans une salle qui leur est dédiée. Il disait volontiers que « Van Gogh et Renoir sont les deux plus grands peintres de notre temps. Le paysage pour l’un, le nu humain pour l’autre ». S’il n’a jamais rencontré le peintre hollandais, il acquiert trois de ses toiles. L’une d’elles, « Le Portrait du père Tanguy » ainsi que deux peintures de son ami Claude Monet et un nu féminin d’Auguste Renoir font contrepoint à ses sculptures. Son legs à l’État compte d'ailleurs plus de deux cents peintures, gravures ou dessins dont une infime partie est accrochée tout au long du parcours.

     

    Rodin et la passion de l'Antiquité

     

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    « L'homme qui marche »

     

    Le sculpteur dialogue aussi avec passion avec l’art ancien. Il collectionne avec frénésie et souvent déraison des œuvres antiques de toutes périodes. Antiquités romaines, grecques, mésopotamiennes, égyptiennes ou œuvres médiévales, le géant réunit chez lui, à Meudon, des milliers de pièces archéologiques – des fragments pour la plupart – qui l’inspirent et nourrissent sa création. Un des salons ovales de l’hôtel Biron revient sur cette fascination pour l’antique et propose un étonnant accrochage éclectique fait de morceaux de têtes, de mains et de torses où se côtoient des Vénus, des Apollon ou des femmes voilées de Palmyre confrontées à « L’Homme qui marche », lui aussi volontairement mutilé. Des formes inachevées qu’il n’hésite pas à réemployer pour recréer des œuvres hybrides où se rencontrent l’ancien et le nouveau.

     

    Un jardin-musée

     

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    Toutes les fenêtres du musée Rodin donnent sur un jardin de trois hectares appelé lui aussi à une future mais lointaine rénovation. Au détour d’une roseraie, d’une charmille ou de rocailles se nichent une trentaine de bronzes imposants. Le fameux « Penseur » (1880), conçu à l’origine pour « La Porte de l’Enfer », accueille le public. Quelques mètres plus loin, à jamais inachevée, « La Porte de l’Enfer » inspirée de « La Divine Comédie » de Dante trône dans son écrin de verdure. Plus loin encore, « Les Bourgeois de Calais », « Balzac »… Une vie de sculpture à découvrir ou à redécouvrir.

    En pratique : Musée Rodin, 77 rue de Varenne, Paris

    Tél. 01 44 18 61 10 www.musee-rodin.fr

    À voir :

    Pour compléter la visite parisienne, vous pouvez visiter sur les hauteurs de Meudon, la villa des Brillants où Rodin vécut dès 1893 et où il repose aux côtés de sa compagne Rose Beuret, sous l'œil du « Penseur ». Y est reconstitué son cadre de vie et de travail du sculpteur.

    Villa des Brillants et musée Rodin : 19, av. Auguste-Rodin à Meudon

    Tél. 01 41 14 53 00


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  • De plus en plus de bateaux profitent de la fonte des glaces pour monter vers le grand Nord. Ici, dans la baie de Disko. Reutersient assez d'eau pour faire monter les océans d'un demi-mètre. Il connaît une fonte accélérée sous l'effet du réchauffement climatique.

     

    À deux semaines de l'ouverture de la conférence climat, à Paris, une étude alarmante a été publiée ce jeudi dans la revue américaine Science. Elle révèle que le glacier Zachariae Isstrom, au nord-est du Groenland, stable jusqu'au début des années 2000, perd depuis cinq milliards de tonnes de glace par an.

    De 2002 à 2014, la plateforme flottante du glacier s'est réduite de 95%. Ce recul rapide menace de déstabiliser un autre grand glacier plus au nord, le Nioghalvfjerdsfjorden, encore protégé par une colline.

     

    « C'est juste le début »

    « C'est la première fois qu'on voit un énorme glacier dans le nord du Groenland, une région froide, qui jusque-là ne montrait pas de changement, qui se met à perdre de sa masse de manière accélérée », souligne Jérémie Mouginot, chercheur au département de géophysique de l'Université de Californie à Irvine, principal auteur de cette étude.

    « Le glacier se désintègre et lâche de nombreux icebergs qui, en fondant, vont faire monter le niveau des océans au cours des prochaines décennies », ajoute-t-il dans un entretien avec l'AFP, soulignant qu'il s'agit « juste du début ».

    Les deux glaciers, objets de cette étude, représentent ensemble 12% des glaces du Groenland. « S'ils fondaient complètement, cela ferait monter les océans d'un mètre. Avec de la chance cela prendra plusieurs siècles », ajoute le glaciologue.

     

    « Le réchauffement de l'océan a joué un rôle »

    Utilisant des mesures obtenues avec des observations aériennes et par satellites fournies par plusieurs agences spatiales dont la Nasa, ces chercheurs ont pu déterminer que le socle du glacier Zachariae Isstrom s'érode rapidement au contact des eaux plus chaudes de l'océan.

    La température de l'eau a augmenté de plus d'un degré Celsius entre 1997 et 2010. « Le réchauffement de l'océan a probablement joué un rôle majeur pour déclencher le recul de ce glacier », pointe Jérémie Mouginot.

    Toutefois, « nous avons besoin de davantage d'observations et de mesures océanographiques dans ces zones sensibles du Groenland pour pouvoir faire des projections », estime-t-il.

     

    Des changements « stupéfiants »

    « Le dessus du glacier fond sous l'effet d'une augmentation régulière des températures de l'air depuis des décennies tandis que sa base est affaiblie par des courants marins transportant des eaux plus chaudes. Cela a pour résultat de le désintégrer, morceau par morceau, et de provoquer sa retraite plus en profondeur à l'intérieur du Groenland », résume Eric Rignot, professeur de géophysique à l'Université de Californie à Irvine, principal co-auteur de la recherche.

    Selon lui, aucun doute : « Après des observations directes pendant plusieurs décennies des résultats du réchauffement sur les glaciers polaires, les changements sont stupéfiants, affectant les quatre coins du Groenland ».

     

    D'autres régions concernées

    Comme le montre cette nouvelle étude, le changement climatique érode de plus en plus des glaciers situés près du pôle Nord où il fait le plus froid, relève Jérémie Mouginot. « Si les températures du Globe continuent à grimper, il y a un risque que des zones encore plus froides comme l'Antarctique de l'est se mettent aussi à fondre »

    Selon le scientifique, « un tel scénario serait encore plus préoccupant car l'Antarctique contient beaucoup plus de glace, avec la capacité de faire monter le niveau des océans de plusieurs mètres au cours des prochains siècles ».

     

    Une zone sensible fragilisée

    Une autre recherche, publiée la semaine dernière aux États-Unis, révèle que les grands glaciers de l'ouest de l'Antarctique s'effondreraient si ceux du bassin Amundsen, plus petits, étaient totalement déstabilisés sous l'effet du réchauffement.

    Or les chercheurs de l'Institut Potsdam, en Allemagne, estiment que les glaciers de l'Amundsen perdent déjà de leur stabilité. Ils seraient le premier « verrou » à sauter dans le système climatique de l'Antarctique, ont-ils expliqué, montrant pour la première fois les conséquences inévitables d'un tel effondrement.

    Article paru dans Ouest-France


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  • 12 avril 1914, c'est Pâques ! Le pays Cordais émerge d'un hiver particulièrement rigoureux : fortes chutes de neige, pointes de froid descendant allègrement en dessous de moins 10, fontaines et lavoirs transformés en blocs de glace... on n'avait pas connu un tel hiver depuis 1870. On se demande si les malheurs ne vont pas recommencer...

    Quelques Cordais lisent les journaux, les nouvelle sont loin d'être rassurantes. Mauvais signe, le service militaire a été porté à trois ans, Jaurès, que l'on connaît bien en pays cordais, s'époumone à crier « non » à une entrée en guerre mais sa voix est arrêtée d'un coup de revolver.

     

    14-18 en Pays Cordais

    Dessin de poilu par Georges Scott – L'Illustration

     

    Le 1er août tout bascule, les églises sonnent le tocsin : désormais le spectre de la mort va étendre son ombre sur le pays cordais. Loin de la littérature parcourons les archives, débusquons ce qui se cache sous la sécheresse des dates et des chiffres ! Début août arrive à Cordes l'ordre de mobilisation générale provoquant immédiatement le départ des hommes concernés. Or avant la fin de ce même mois, le 28 août, Émile Souillé, de Cordes, est tué au Bois de Vulcain en Meurthe et Moselle. Et c'est une véritable litanie de mort qui s'enclenche. Quand on étudie les dates de disparition des soldats originaires du canton cordais on s'aperçoit que durant quatre ans il est rare qu'une semaine puisse 's’écouler sans qu'un nom s'ajoute à la liste. A Cordes et dans les villages des alentours tout le monde se connaît et bon nombre de familles ont des liens de parenté. A chaque rencontre l'annonce d'une disparition d'un parent ou d'un ami remplace petit à petit le bonjour habituel. La mort au front, non pas d'abord les circonstances concrètes que l'on ne connaît pas et qui sont en fin de compte secondaires à ce moment-là, mais ce fait de la perte définitive d'un membre de la famille et de la communauté devient le sujet de conversations qui occupent progressivement le terrain de la vie sociale, au hasard d'une rencontre, au lavoir, au marché du samedi, à la sortie de la messe du dimanche au cours de laquelle le prêtre invite les paroissiens à prier pour un nouveau défunt de la communauté.

     

    14-18 en Pays Cordais

    Photo de tranchée près de N.D. De Lorette en avril 1915 – photo prise par F. Lentz

     

    Ce vide s'installe dans les familles, les lieux de travail, les commerces devient une hantise. Surtout qu'il n'y a pas que les morts reconnus officiellement : les « disparus » réapparaissent quelquefois mais des mois plus tard parce qu'ils étaient simplement prisonniers, d'autres, déserteurs, sont passés à la clandestinité et on se garde d'en parlé à voix haute, parfois on entend dire qu'il y a eu des fusillés, comme Firmin Durand de Carmaux le 30 juillet 1915... Quatre longues années où les deuils deviennent d'autant plus insupportables qu'ils s'accumulent sur un espace social restreint : moins de 7000 habitants pour le canton, pas même 1500 pour Cordes après le départ des mobilisés.

    N'est-ce pas une invitation pour chacun de nous à dépasser les clichés, pittoresques ou effroyables, de cette Grande Guerre pour s'approcher du cœur de ces hommes et de ces femmes, de ces vieillards et de ces enfants, qui ont eu le courage de continuer à faire vivre le Pays Cordais ?

    Article paru dans Cordes Infos


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  • S'il fallait évoquer d'un mot la situation de Cordes au début de la Grande Guerre, ce serait « le dynamisme ». Relevons-en quelques signes.

    Tout d'abord le nombre et la diversité de ses magasins et ateliers. Le recensement de 1911 indique maison par maison la demeure ou l’échoppe de quelques 118 artisans et 61 commerçants. Pour une population communale de 1822 personnes c'est assez impressionnant. Cordes se montre ainsi capable de faire face à toutes les demandes de cette population, et d'abord en termes de consommation : 13 boulangers, 8 bouchers, 9 épiciers, 4 pâtissiers, 3 charcutiers... Ne parlons pas de la boisson, elle est à la hauteur avec une dizaine de cabaretiers ou « limonadiers » comme on disait alors... Il n'y a pas que la nourriture ; toutes sortes de soins et de services sont assurés : 20 couturières, 12 cordonniers, 9 tailleurs, 5 coiffeurs, 4 modistes... Sur la commune de Cordes au sens strict on compte135 agriculteurs, des centaines évidemment si on parle du canton. Ils assurent une clientèle suivie à toute une panoplie d'artisans très spécialisés : forgeron, maréchal-ferrant, charron, charpentier, menuisier, chaudronnier, cloutier, bourrelier... trop nombreux pour tous les citer !

    Un peu d'histoire

    Place de la Bouteillerie

     

    Le commerce de Cordes est aussi tourné vers l'extérieur avec 17 négociants en gros, spécialisés notamment dans les grains, le fourrage, les œufs et les tissus ou plutôt les « draps » pour employer l'appellation de l'époque, sans oublier évidemment la broderie. Les quais de la gare de Vindrac, malgré l'éloignement de Cordes, sont encombrés de marchandises partant souvent bien au-delà de la région albigeoise. Les demandes adressées à la compagnie des chemins de fer pour de meilleurs horaires et davantage de trains sont permanentes. Et pendant des années les Cordais n'ont eu de cesse d'avoir une ligne directe de Vindrac à Carmaux ; on les comprend. Elle viendra mais après la guerre, les terrassements ayant été assurés par les prisonniers allemands.

    Il faut mettre à part le secteur de la broderie. Prenant le relais de la traditionnelle industrie cordaise du tissage (en disparition sous l'impact des progrès techniques), la broderie est en plein développement. Non seulement se sont montées quelques fabriques employant plusieurs dizaines d'ouvriers et d'ouvrières (la Gaudane, que l'on peut visiter aujourd'hui, en est une, la principale) mais surtout nombre de Cordais ont installé chez eux des métiers à broder. Dans les années 1910, sur une population adulte de 1510 personnes, ce ne sont pas moins de 284 hommes ou femmes qui se déclarent brodeurs, brodeuses, un chiffre incroyable s'il ne venait pas d'un recensement officiel.

     

    Un peu d'histoire

    Au Printemps Nouvelles Galeries

     

    Pour qui s'intéresse à la grande Guerre, rien de tel que de parcourir la liste de ses métiers présents à Cordes début 1914 en marquant d'une croix les hommes qui les exerçaient et qui ont été mobilisés au mois d'août. Cela donne une idée du bouleversement impressionnant que la guerre va apporter à notre petit bourg. A chaque ligne deux questions surgissent, précises, concrètes, incontournables : qui va assurer le service que cet artisan ou ce commerçant remplissait ? Que va devenir ce magasin, cet atelier, ces outils de travail en l'absence, pendant plusieurs années, des hommes qui les faisaient vivre ? Et il ne s'agissait pas, durant l'été 1914, de se mettre à réfléchir pour élaborer une nouvelle organisation économique ou un nouveau partage des tâches : le bouleversement est venu subitement comme un tsunami ; c'est en l'espace d'un jour ou deux que la mobilisation générale a fait le vide.

    Et pourtant Cordes a tenu le coup...

     

    Un peu d'histoire

    Carrefour de la Halle

    Article paru dans Cordes Infos


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    Le 25 octobre 1415 eût lieu la bataille d'Azincourt. Hormis quelques vagues réminiscences héritées de nos cours d'histoire, cette bataille a été oubliée par quasiment tous les Français. Et pourtant, Azincourt fut une étape cruciale de notre histoire. Cruelle défaite pour notre pays, elle marque aussi un tournant en matière de stratégie militaire.

     

     

    C’est dans une clairière près du village du même nom, situé dans le Pas-de-Calais, qu’eût lieu la bataille d’Azincourt. Nous sommes alors en pleine guerre de Cent ans, et les Français s’affrontent aux Anglais.

    À cette époque, les Anglais, gouvernés par Henri V, possèdent Calais depuis plus de 60 ans ; la ville fait partie de leur royaume. C’est en voulant y retourner après avoir effectué une incursion en France pour y conquérir Chef-de-Caux, près d’Harfleur, qu’ils sont rattrapés par l’armée française. Une bonne partie de la chevalerie française, vassale du Roi de France Charles VI qui ne peut prendre de décisions par lui-même, étant devenu fou, a décidé cette attaque.

    Il faut dire que l’armée française a toutes les chances de son côté, puisqu’elle est largement supérieure en nombre : 18 000 hommes contre 6 000 du côté anglais.

    Mais les choses ne vont pas se dérouler comme prévu. Après quelques heures d’observation, ce matin du 25 octobre, les Français, dirigés par le connétable Charles Ier d’Albret, donnent l’assaut. Mais ils n’ont pas pris en compte plusieurs éléments. D’abord le sol, détrempé par des pluies torrentielles, l’eau descendant vers les Français qui sont en contrebas des Anglais, créant un champ de boue dans lequel les chevaux et les fantassins vont avoir du mal à progresser, certains se noyant même à cause du poids de leur armure.

     

     

    Ensuite, la structure des forces anglaises, sur un meilleur terrain et composée d’une très grande majorité d’archers qui tirent à longue portée.Les Anglais ont disposé ces archers sur les flancs et l’entonnoir ainsi formé va perdre les Français qui, en attaquant de front, vont être transpercés par les côtés, puis s’empêtrer dans leur mouvement de reflux, gênés par leurs rangs trop serrés, par le terrain détrempé et les chevaux morts qui gênent le passage. Après les premières salves, les archers redeviennent des combattants, et l’épée à la main se jettent sur les chevaliers français dont il massacrent une grande partie.

    À l’issue de la bataille, après avoir fait de nombreux prisonniers qu’ils comptent échanger contre une rançon, les Anglais sont menacés sur leur arrière par le seigneur d’Azincourt venu à la rescousse avec 600 hommes. Ils reçoivent alors l’ordre de Henri V d’exécuter les prisonniers, ce dernier craignant qu’ils ne se soulèvent en voyant arriver les secours. Ils seront égorgés ou le crâne fracassé à la masse d’armes ou à la hache.

    Le bilan de la bataille est terrible : 6000 chevaliers français sont tués, dont le connétable ainsi que de nombreux grands seigneurs, des ducs, des comtes et des barons. Face à eux, les Anglais n’eurent à pleurer qu’une centaine de soldats et seulement 13 chevaliers.

    Elle marque également un tournant dans l’histoire militaire, intronisant stratégie de placement et de disposition des hommes, mais aussi choix de l’équipement, prise en compte du terrain et du temps. Le temps de l’homme d’armes fonçant tête baissée, pour montrer sa bravoure, était révolu.

    Nous disposons aujourd’hui d’une liste de 1374 combattants tués lors de la bataille, ils sont bien évidemment sur Geneanet (mis en ligne par Gérard TELLET-LARENTE).

    Si vous avez retrouvé parmi vos ancêtres des branches nobles, alors il y a de fortes chances qu’un ou plusieurs figurent dans cette liste !

     

    Liste des chevaliers tués

    Article tiré de Généanet

     


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